La bataille de Niamey CEDEAO/ Putschistes aura-t-elle lieu après l’expiration du deadline ? En attendant on suppute sur les raisons de ce putsch et surtout la posture de la CEDEAO. «Tu quoque mi frero», diront sans doute Mohamed Bazoum, le président renversé et Mahamadou Issoufou son devancier, à l’égard de leur BRUTUS, le général Abdourahmane Tchiani, qui leur doit ce piédestal sur lequel, il leur a planté le couteau au dos.
La CEDEAO et l’UEMOA n’ont pas le temps de ces scrupules et ses considérations historiques, non ! hier 30 juillet, les organisations ont décidé de ne pas avaler ce camouflet, disons cet anaconda surtout pour le président nigérian Bola Tinubu et nouveau président en exercice de la CEDEAO. Ce dernier sitôt installé à Aso Rock avait dit tolérance zéro pour les putschs. Le voilà avec le coup d’Etat du Niger, un défi quasi-personnel sur les bras ! Le huis clos du double raout de ce dimanche 30 juillet fut tout sauf serein. D’abord, il y a eu l’ire du président Bola, qui a parlé au sujet de ce putsch, «d’une insulte à la CEDEAO, et d’un kidnapping du président Bazoum.
D’où des mesures musclées sans précédent et une injonction :
– Blocus total du Niger ;
– Gels des avoirs des putschistes ;
– Interdiction de voyager dans la zone CEDEAO des putschistes et acolytes;
– Black out au niveau de la BCEAO;
– Seuls les actes du président Bazoum et de ses ministres font foi ;
– La junte est tenue pour responsable de ce qui adviendrait à l’intégrité physique du président Bazoum et sa famille ;
– Les putschistes ont 1 SEMAINE pour remettre le pouvoir à Bazoum sous peine de coercitions, y compris l’usage de la force qui n’est pas une hypothèse d’école vu la configuration actuelle, l’option est plausible. D’ailleurs, les chefs d’état-major de la CEDEAO sont en conclave pour esquisser ce qui pourrait ressembler à une opération Barracuda, version CEDEAO, pour rétablir un président démocratiquement élu, renversé par les armes. A côté de ces oukases, les sanctions maliennes paraissent très mineures. Au demeurant, le CNSP est convaincu que le sommet extraordinaire d’hier 30 juillet à Abuja n’est qu’une mise en scène de «l’intervention militaire de la CEDEAO imminente avec d’autres pays non membres et des pays occidentaux», a martélé le colonel Amadou Abdramane, le porte-parole de la junte.
L’emploi des muscles reste donc parmi les choix de solution, mais le dialogue demeure par cette porte entrebâillée, avec l’envoi du chef de l’Etat tchadien, le général Idriss Mahamat Deby pour raisonner son frère d’armes, le général Tchiani. L’envoyé spécial Tchadien qui n’est pas membre de la CEDEAO a pu converser hier avec le président Bazoum, l’ex-président Issoufou et le PM Mahamadou Ouhoumoudou. D’autres médiateurs sont à la manoeuvre, tel le Béninois Patrice Talon.
Pour une fois donc, la CEDEAO après les précédents malien et burkinabè, la CEDEAO veut taper fort du poing sur la table. Pourtant, c’est une décision à double tranchant que vient de prendre l’organisation. Elle joue d’abord sa crédibilité (encore une fois) et si jamais cette menace ne fait pas bouger les putschistes de Niamey, ce sera une véritable humiliation, et une défiance infamante pour la CEDEAO, car après le Mali, le domino nigérien aura résisté et on pourrait dire à qui le tour ?
Ensuite, quel sera le mode opératoire si intervention militaire, il devait y avoir ? Par sauts de para sur Niamey comme jadis sur Kolwezi ? Par infiltration au sol à partir des frontières ? Par voie aérienne ? Bref, l’ultimatum sur le papier est grave, martial, mais sa faisabilité reste à être prouvée. Ce qui est sûr, c’est le crépuscule de la démocratie dans la sous-région, rongée déjà par un terrorisme au long cours.
La REDACTION
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