Dans un rapport publié hier mercredi 13 novembre 2019, l’organisation International Crisis Group a établi le lien entre l’exploitation de l’or et les groupes terroristes qui écument la bande Sahélo-saharienne. «Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, «des groupes armés s’emparent depuis 2016 de sites d’orpaillage dans des zones où l’État est faible ou absent.
Leur convoitise est attisée par le boom du secteur aurifère artisanal depuis la découverte, en 2012, d’un filon saharien», écrit International Crisis Group (ICG). Et voilà posée la problématique du terrorisme dans cette partie de l’Afrique où des zones à forte teneur d’or et aux richesses naturelles insoupçonnées échappent au contrôle des Etats. Selon ICG, ces «groupes armés, y compris djihadistes, trouvent dans les mines d’or une nouvelle source de financement, voire un terrain de recrutement», dit l’ICG. Les sites aurifères peuvent même servir de lieu de formation, par exemple au maniement des explosifs indique le rapport.
Ces extraits du rapport, montrent à souhait comment l’hydre terroriste a réussi à tisser sa toile et à survivre dans ces zones réputées être hostiles à une vie décente où les populations sont abandonnées à leur sort. La nature ayant horreur du vide, et comme on le constate dans les pays cités, c’est évidemment ce vide que les terroristes ont occupé par la force des armes et endoctrinement des masses à travers des discours. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des groupes armés terroristes investir des mines d’exploitation artisanale d’or, par la force des armes où ils règnent en maîtres absolus loin des escouades de police et de la gendarmerie. Ce déficit du maillage sécuritaire sonne comme un quitus et un blanc-seing donnés aux terroristes pour «administrer» des régions entières à partir desquelles sont lancées des attaques meurtrières que les armées peinent à endiguer depuis quatre ans.
De guerre lasse et compte tenu de l’intensification des incursions menées par ces groupes, les autorités n’ont eu d’autres choix que de s’en remettre à des forces supplétives comme la «milice Dogon» au Mali, les «Koglwéogo» mais aussi les chasseurs traditionnels «Dozo» au Burkina Faso qui à leur tour ne parviennent pas à répondre de façon adéquate et appropriée face aux assaillants.
Pour inverser la tendance, ICG ne dit rien d’autre que le «réinvestissement des zones abandonnées» par les Etats. Il faut que les États «réinvestissent» les zones aurifères, soit directement, soit par l’entremise d’intervenants privés, et réglementent davantage l’exploitation artisanale.
Il appelle les Émirats arabes unis – Dubaï spécifiquement -, la Suisse et la Chine, «principaux importateurs» de l’or sahélien, «à renforcer le cadre légal de leurs importations d’or» pour réduire le risque de blanchiment d’argent et de financement des groupes armés. Cet appel est d’autant plus qu’urgent dans la mesure où « La production artisanale (d’or) représenterait désormais près de 50% des volumes produits industriellement. Elle se chiffrerait chaque année 20 à 50 tonnes au Mali, 10 à 30 tonnes au Burkina Faso et 10 à 15 tonnes au Niger, soit une valeur monétaire globale située entre 1,9 et 4,5 milliards de dollars par an ».
Par ailleurs, souligne l’ONG, « plus de deux millions d’acteurs seraient directement impliqués dans l’orpaillage artisanal : un million au Burkina Faso, 700 000 au Mali, et 300 000 au Niger ».
La rédaction
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