Interview de Ouattara à RFI : Quand le président ivoirien souffle le chaud et le froid

Interview de Ouattara à RFI : Quand le président ivoirien souffle le chaud et le froid

Toute communication a son revers, et surtout toute communication présidentielle est pesée, soupée et auscultée méticuleusement. Ainsi en est-il de l’interview exclusive que le président ivoirien, Alassane Ouattara a accordé à la radio mondiale RFI, ce 11 février 2019.

Bilan, démission de Guillaume Soro, CPI et liberté conditionnée à Laurent Gbagbo et présidentielle 2020, le n°1 ivoirien ne s’est pas défaussé, soit, même si certains propos n’étaient pas appropriés, surtout sur deux (2) points, Ouattara a provoqué la polémique : la minimisation du poids du PDCI et ses rapports avec l’ex-procureur de la CPI Luis Moreno Ocampo. Un dérapage calculé ? Possible !

D’abord, on peut lui concéder une certaine véracité sur son bilan qu’il juge «inattaquable», lequel bilan qu’il faudra pourtant nuancer. Car si les infrastructures, le PIB, les chiffres parlent pour lui, dans un quinquennat, il n’y a pas que seulement les réalités matérielles, il y a l’immatériel qui a pour noms, réconciliation, paix de cœur qui restent des chantiers à peine entamés.

On peut également comprendre qu’il tienne pour marginal la démission de Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale ? espérant «même son retour dans la maison après ses études à Harward, et même sa présence à la présidentielle…».

Mais qu’il considère que le PDCI/RDA pèse comme un moineau dans l’échiquier politique sonne faux, car malgré les épreuves, l’ostracisassion, la perte du pouvoir depuis 1999, l’ex-parti présidentiel demeure le seul implanté sur toute l’étendue du territoire, avec des leaders bien ‘’assis’’. La preuve par l’Assemblée nationale où le PDCI compte 89 députés contre 129 pour le RDR. Et encore si le PDCI comptait vraiment pour du beurre pourquoi Ouattara a usé de tous les moyens de persuasion pour l’empêcher de quitter le RHDP ? Pourquoi avoir fait une cour assidue à Henri Konan Bédié pour qu’il reste dans le RHDP unifié ?

Ensuite, et c’est le propos qui a le plus occasionné des réactions toutes prenant le contre-pied, sinon, démentant ce qu’à dit Ouattara : ses relations avec l’ancien procureur, Ocampo.

Est-ce «une ou deux fois» seulement que le président ivoirien  a parlé à Luis Moreno Ocampo ? Dates et emails à l’appui, de nombreuses sources infirment cette affirmation présidentielle, évoquant plusieurs rencontres dont une à quatre (4) jours du transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye, soit le 26 novembre 2011. Ce qui peut paraître une coïncidence pour le moins troublante.

Ouattara n’était pas obligé de répondre de façon détaillée à cette question, allant même jusqu’à préciser qu’il s’est fâché avec l’ex-procureur. Pour quelle raison ? Botter en touche, répondre de façon directe, sans rentrer dans le détail, le diable s’y trouvant aurait été indiquée.

En tous cas, c’est un président ivoirien, qui a tiré la couverture sur lui, normal, mais qui a soufflé sur le chaud et le froid, provoquant ainsi toutes ces supputations, surtout que l’optique de sa candidature en 2020 pour un 3e bail ne relève plus d’une hypothèse d’école !

Sam Chris

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