Investiture de George Weah:  Cette fois, il lui faut centupler son courage d’attaquant

Investiture de George Weah: Cette fois, il lui faut centupler son courage d’attaquant

« Quand on regarde la vie de George Weah, c’est comme un film. C’est incroyable » disait Arsène Wenger, le Coach d’Arsenal  qui a connu l’homme. Ce n’est pas encore le clap de fin de ce merveilleux film, d’une vie, dont le nouveau président est le héros, mais , quel film !

Hier 22 janvier 2018 au Complexe Samuel Kanyon Doe, c’est devant un aréopage de chefs d’Etat et le ban et l’arrière ban du Tout-Liberia et Samuel Eto’o que l’ex-star du football, élu président a prêté serment.

Sans doute, en prononçant la phrase consacrée, qui le parera des atours du 25e président de cette ex-colonie d’esclaves, Weah se souviendra de son parcours d’enfant du ghetto jusqu’au sommet du football avec le ballon d’or en 1995, et de ce mandat suprême qu’il étrenne après deux tentatives infructueuses. Lui viendront en mémoire, les supers défis qui l’attendent. Avec un secteur minier qui a évolue en dents de scies, lequel secteur fut d’ailleurs la cause de l’horrible guerre de 97-2003, une agriculture qui, bien que pesant à 30% dans le PIB et l’épidémie d’Ebola, la croissance a connu forcément une décélération à partir de 2014 pour s’établir à 3% en 2017. Les pressions inflationnistes 12,5% en 2016 et 8,2% en fin 2017 dues à la dépréciation du dollar libérien (15,8%) en raison d’une forte demande de devises pour régler les importations et au biberonnage des institutions de Bretton Woods, ont plongé le pays dans un quasi coma économique d’où les deux mandats de «Sirleafisme» n’ont pas pu réveiller. Naturellement, l’impact notable sur les conditions de vie des Libériens est désastreux avec un chômage endémique et une paupérisation galopante. On peut donc, deviner qu’il n’y aura pas d’état de grâce pour George Weah après les flonflons de la victoire. Les séquelles de l’après-guerre sont là ainsi que les miasmes de l’après-Ebola, et il faudra, rapidement, que le président élu embraille certains actes dont le prolongement pourrait à terme émerger de la nuit du sous-développement. On peut en citer :

l’agenda pour la transformation du Libéria qui courait de 2013 à 2017 dont le prolongement est capital pour résoudre les problèmes post-Ebola et connexes.

de même, le plan de reprise déstabilisation économique enclenché en mars 2015, qui se déclinait en réduction de la vulnérabilité, au soutien des finances publiques devrait être rallongé.

l’agriculture dans le cadre de l’Agenda LATA devra être soutenue

sans oublier, qu’avec un taux de 2% d’électrification, un effort dans ce domaine est plus que vital.

les jeunes qui ont fait chorus derrière George Weah dont la relative jeunesse, 51 ans a séduit, attendent beaucoup de lui en termes d’employabilité. L’âpreté du quotidien de ces jeunes dont la plupart a moins de 30 ans est une bombe sociale dont Weah devra empêcher qu’elle soit dégoupillée. Or l’oisiveté et la paupérisation sont les ingrédients d’une plausible déflagration.

enfin, le chantier de la réconciliation est un terrain sur lequel, George Weah devra marcher comme sur des œufs. En faisant de sa colistière Jewel Taylor, sa vice-présidente, le nouveau chef d’Etat renvoie l’ascenseur à une alliée, qui l’a aidé à être roi. Mais en même temps, il ne doit pas ignorer que celle qui est sénatrice depuis 12 ans cristallise aussi des rancœurs au sein des blessés et affectés de l’interminable guerre dont son ex-mari est l’un des instigateurs. La patronne du NPP a beau se défendre, en effet, une partie de la laideur de cette période trouble du Libéria lui colle aux ballerines. C’est une donnée dont devra tenir compte Weah, pour gouverner. A la lumière de tous, ces chantiers, ce sont des habits de Périclès que devra endosser le n°1 libérien, car à coup sûr, il devra s’attaquer à des chantiers colossaux. C’est dire que pour ce coup –ci, il aura besoin en plus de sa baraka, des apports des génies du fleuve Mono et surtout de son courage, son entregent, cette gouaille qui ne le quittaient pas sur le rectangle vert pour tirer le Liberia vers des lendemains qui chantent. Et dans ce cas, un jour peut-être pour renouer avec l’idée de film d’Arsène Wenger, qui sait, un scénariste pourra écrire : Les Editions Liberia présentent la fabuleuse histoire de George Weah, le footballeur devenu président.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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