Les Saltigués, ces oracles sénégalais qui ne se trompent jamais n’auront pas à trop s’échiner en consultations pour désigner le favori de la présidentielle du 24 février 2019 : il s’appelle Macky Sall, et est le président-candidat pour cette échéance cruciale. Un complexe Arena de Diamniado plein comme un œuf, à peu près 10 000 spectateurs, un aréopage de chefs d’Etat, dont Alassane Ouattara de Côte d’ivoire, Georges Weah du Libéria, Mohamed Abdelaziz de Mauritanie et un invité-vedette Youssou N’dour, ancien ministre de la culture … tel était le décorum ce 1er décembre 2018 pour l’investiture de Macky Sall, par la Coalition qui l’avait déjà porté au pouvoir en 2012: Benno Bokk Yakaar.
Mais si la présence de nombreux pairs africains est déjà un indicateur, que Macky Sall bénéficie d’un préjugé favorable, c’est surtout électoralement, que l’ancien maire de Fathick a creusé l’avance sur ses éventuels concurrents, dont les plus emblématiques seront absents de la compétition. Aux premiers chefs desquels, il y a naturellement Khalifa Sall, maire de Dakar, embastillé à Rebeuss et Karim Wade, fils de l’ex-président exilé à Doha au Qatar.
A cette absence de vis-à-vis qui puisse lui disputer âprement le fauteuil présidentiel, il y a la suprématie de Benno Bokk Yakaar (BBY) affirmée déjà lors des législatives du 30 juillet 2017 : même si ces députations furent très chahutées, la coalition du chef de l’Etat avait engrangé 120 sièges sur 165, régnant donc en maître sur l’ex-place Soweto, l’Assemblée nationale. En s’octroyant des coudées franches à l’hémicycle, Macky Sall avait réussi une répétition générale pour la présidentielle du 24 février 2019.
Dans un Sénégal où les questions de fief ne sont pas des vues d’esprit, tous ces élus nationaux, qui ne jurent que par le bilan de Macky Sall, se battront pour une victoire de ce dernier à ce scrutin de février. Dans cette escouade d’alliés et de partisans de choix, le chef de l’Etat sortant peut compter sur le soutien déterminant de 2 personnes : Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng. Le premier occupant du perchoir depuis 2012, patron de l’Alliance des forces de progrès (AFP) demeure un allié sûr de Macky Sall, même si l’AFP a perdu du terrain, depuis la scission occasionnée par l’éjection de Malick Gakou, qui a emporté avec lui plusieurs cadres du parti. Néanmoins ce mariage de raison pourrait prendre fin après 2019.
Quant au second, SG du parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, il a déclaré tout de go, que le PS n’aura pas de porte-étendard pour la présidentielle de 2019, une première dans l’histoire politique du Sénégal, pour ce 1er parti qui a eu à diriger le pays. Et en dépit des partisans de Khalifa Sall, qui ont taillé dans les croupières du camp de Tanor, le PS demeure un grand parti structuré, et son apport à BBY vaudra son pesant de victoire. C’est dire que sauf tsunami électoral, le locataire de l’Avenue Léopold Sedar Senghor (présidence) est sur un boulevard pour l’objectif … présidence.
Zowenmanogo ZOUNGRANA
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