Investiture de Nana Akufo au Ghana et sac du congrès américain : Pas besoin de chercher la grossière «nègrerie»

Investiture de Nana Akufo au Ghana et sac du congrès américain : Pas besoin de chercher la grossière «nègrerie»

Une horde de républicains pro-Trump c’est-à-dire un mélange de suprématistes blancs, de militants et de casseurs qui font irruption dans le Capitole, le sanctuaire de la démocratie américaine, là même où les Pères-fondateurs, Benjamin Franklin, George Washington , John Adams , Thomas Jefferson , John Jay , James Madison  et Alexander Hamilton, l’ont consacré inviolable.

In fine 4 tués et de nombreux blessés dans cette journée pitoyable du 6 janvier 2021. Tout ça pour empêcher l’ultime confirmation de Biden comme 46e président des USA, ces hussards d’un genre nouveau, se réclamant de Donald Trump, ont franchi un Rubicond, que jamais aucun président n’avait franchi. Même Ronald Reagan a dû se retourner dans sa tombe. Il n’est pas jusqu’aux derniers républicains, qui étaient toujours derrière l’illustre impénitent tweeteur devant l’Eternel, qui n’aient été gênés aux entournures. Heureusement que la raison a prévalue hier et Biden est bien le président élu des USA.

On est où là ? Ni en Guinée, ni en Côte d’Ivoire, mais bien au pays de Tocqueville de la plus vieille constitution du monde. Oui ces ‘’nègreries’’ se déroulent aux USA. Offrant presqu’une image inversée de ce qui s’est déroulé à des milliers de kilomètres de l’Amérique dans un pays du Golfe de Guinée : le Ghana, où un président réélu, a été ‘’assermenté’’ par les grands juges. Nana Akufo-Addo a été investi hier, devant une brochette de ses pairs pour un mandat de 4 ans.

Que n’a-t-on pas entendu d’ailleurs, lors du scrutin du 7 décembre 2020, notamment sur les (violences) qui ont fait  5 morts et 17 blessés et le déploiement massif de l’armée dans la région de la Volta (fief de l’Opposition) ?

Et pourtant, si Trump continue à vouloir se promener dans les allées de la Maison blanche, à s’introduire dans le «war room» bref à vouloir obstruer la passation de charge et ce, à 2 semaines même de cet évènement, c’est-à-dire le 20 janvier, c’est qu’il faut convenir, que la démocratie n’est jamais un acquis, elle peut toussoter, tomber malade et même mourir, de par l’action de dirigeants. Et l’Afrique ne porte plus le bonnet d’âne en la matière.

Hier à Accra, le NDC, parti d’opposition a pris la tête de l’Assemblée nationale après de violentes empoignades et toute une nuit de vote émaillée d’interruptions sous le regard de l’armée qui y a déployée plusieurs éléments. Au bout du suspens, le député Alban Bagbin, a été nommé président de l’Assemblée dans la matinée, avec deux voix d’avance sur son rival du NPP, réduisant la marge de manœuvre du président Nana-Akufo.

Après un premier mandat au cours duquel, tout n’a pas été rose, mais la gratuité de l’enseignement au lycée, la question sanitaire ont été des acquis, ce 2nd mandat devrait être celui de la cohabitation entre un président privé de majorité à l’hémicycle et une opposition qui garde en travers de la gorge une «défaite» qu’elle refuse de reconnaître.

Le comble c’est que l’ancien Gold Coast, qui regarde toujours du côté de la Tamise et du Potomac semble depuis 30 ans s’être moulé dans cette démocratie. Les USA, depuis cette fameuse réunion de Pennsylvanie en 1787 avaient toujours leurs idéaux chévillés au corps. Donald Trump passera à la postérité pour avoir refusé jusqu’au bout une défaite dont tous les indicateurs électoraux confirment (vote populaire, grands électeurs) et a tiré le parti Républicain vers le bas.

La démocratie en Afrique avance… malgré tous les manquements, insuffisances et violations relevés çà et là. Des lueurs d’espoirs et exemples d’alternances pacifiques sont de plus en plus en vogue sur ce continent, malgré la persistance des cas de tripatouillages constitutionnels. Et ce qui nous a été donné de voir ces dernières heures montre aisément que la frontière entre la démocratie et la dictature est mince et mérite une surveillance accrue et permanente et constitue un combat de longue haleine.

Davy Richard SEKONE

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