Là à Yamoussoukro, sur cette place mythique Jean-Paul II, à quelques jets de pierre de la Basilique houphouëtiste, Henri Konan Bédié est au milieu des siens, cette forte communauté Akan, dont il est le digne fils, et surtout, le filleul du père de la Nation Houphouët-Boigny, qui a fait de cette agglomération, la capitale politique de la Côte-d’Ivoire.
Il n’y avait pas lieu plus indiqué, peut-être Daoukro, pour le sphinx de se faire adouber pour la compétition électorale du 31 octobre. Devant des milliers de Pdcistes, Fpistes et autres Soroistes, HKB, 86 hivernages a déclaré qu’il ira à la conquête de la présidence qu’il a perdue par le coup d’Etat de 1999, et dont il a rêvé de retrouver en 2010, puis en 2015. En vain ! Pour diverses raisons dont l’évocation fait monter la moutarde au nez du «Bouddha» de Daoukro.
La foule ne constitue pas un électorat fiable, car il y a parmi elle, des curieux, des badauds, et même des ouailles d’autres partis ou des ivoiriens sans cartes d’électeurs. La foule ne fait pas la victoire dans les urnes.
N’empêche, c’est une véritable démonstration de force, un tour de chauffe de l’ex-président qui croit dur comme fer à sa résurrection comme le surnom qu’on lui colle depuis des lustres.
Le lendemain 13 septembre, à l’Hôtel Belle-Côte, c’était au tour de la galaxie GPS, d’oindre Guillaume Soro comme présidentiable. A 6 000 km d’Abidjan, l’ex-président de l’Assemblée nationale qui ronge son frein de revenir au pays pour enfin tenter d’obtenir par les urnes, ce qu’il n’a pas obtenu par les armes en 2002, et qui a ses chances, pour peu qu’on le laisse compétir, depuis Paris donc, Soro a suivi son investiture de loin, et a pu même sourire face à certains de ses lieutenants qui annonçaient son apparition imminente dans l’Hôtel Belle-Côte plein comme un œuf. Il sait lui qu’il n’a pas le don d’ubiquité !
Scénarios possibles ou futurs probables, bref prospectivisme d’une élection à problèmes pour ne pas dire sensible avant et après avec ces 2 candidatures :
– L’alliance PDCI-FPI-GPS est actée et le non-retour de Gbagbo et Soro penche pour une consigne de ces derniers à faire voter leur allié d’avant-hier, adversaire d’hier, devenu encore allié aujourd’hui.
Des épousailles de raison qui peuvent faire mouche, puisque historiquement, aucune formation politique en Côte-d’Ivoire n’a gagné la présidentielle en solitaire. D’où l’initiative du président Ouattara, envers le patron frontiste reclus à Bruxelles de se tenir coi contre grâce présidentielle et retour au bercail après … l’élection. Fin de non-recevoir naturellement de Gbagbo !
– A moins aussi que par extraordinaire, Ouattara se rapproche de Bédié et de Soro pour ressusciter le deal de 2010, mais là on est dans la politique-fiction car tout semble tard, et chaque camp, à commencer par le RHDP est allé tellement loin qu’un rétropédalage paraît impossible.
– Autre probabilité incertaine : l’invalidation de la candidature de Ouattara par les grands juges ce 16 septembre.
– Enfin l’option redoutée est la tentative de passage en force de Ouattara, ce qui pourrait recréer un remake de 2010, dont de nombreux ivoiriens ne sont plus prêts à en être les victimes pour les intérêts des mêmes politiciens.
Seule certitude : Bédié ne va pas à ce vote en candidat «m’as-tu vu» mais en sérieux challenger. Et Soro qui jure aussi qu’il sera candidat, malgré l’épée judiciaire qui pend sur sa tête sait qu’à défaut d’être présent, il peut être un faiseur de roi. Sans le dire les deux rêvent chacun de gagner ou de peser sur cette élection cruciale. Et le président-sortant Ouattara le sait aussi. Soro-Bédié, 2 adversaires dont l’un a encore le temps, l’autre peut-être moins.
Soro, lui peut encore attendre d’autres échéances, Bédié lui voudrait terminer sa vie politique sur la chaise du Belier (Houphouët) son père spirituel. Un rêve légitime, si près et si loin ! Dans 45 jours peut-être ?
La REDACTION
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