«Irrecevabilité» du non-lieu d’Agathe Habyarimana : Décision ni chair ni poisson sur la patronne de «l’Akazu» rwandais

«Irrecevabilité» du non-lieu d’Agathe Habyarimana : Décision ni chair ni poisson sur la patronne de «l’Akazu» rwandais

Ainsi donc la Cour d’appel de Paris a préféré se focaliser sur la procédure, la forme plutôt que le fond en prononçant cette irrecevabilité sur la demande de non-lieu d’Agathe Habyarimana, la veuve du général Juvénal tué le 6 avril 1994 avec son homologue burundais, dans la désintégration de leur avion.

Certes, la forme tient le fond en l’état, un principe intangible en justice qui fait donc qu’avec cette décision, les 14 ans de procédure n’aboutissent à rien de concret. Au contraire, ce délibéré renvoie dos-à-dos parties civiles et défenseurs d’Agathe Habyarimana.

S’il est avéré qu’un non-lieu est synonyme d’absence d’indices concordants ou de preuves à charge, ligne de défense du reste des avocats d’Agathe, en l’espèce, pour les parties civiles, avant et même après la déflagration du Falcon présidentiel, dont les débris sont tombés dans le jardin d’Habyarimana, la veuve aurait été au cœur de cette abjection pour ne pas dire qu’elle l’aurait ordonné, ce qui aura coûté la vie à plus de 800 000 Tutsis et Hutus modérés.

En effet, le «la» pour exterminer ceux que les extrémistes du «Hutu Power» appelaient les «cafards» a été vraisemblablement donné par «L’Akazu» la «petite maison» en kyrwandais, le noyau dur du clan familial présidentiel dont l’instigatrice serait Agathe Habyarimana. Depuis des années, cette veuve vit en France, en mi-refugiée mi- clandestine, mais non ignorée par les autorités françaises. Maintes fois, elle a été au centre du tango politico-judiciaire, dont l’onde de choc a toujours eu des impacts sur les rapports France-Rwanda, mais jamais véritablement elle n’a été inquiétée.

Même les avocats d’Agathe trouvent la décision inachevée, voire bancale, car selon eux, la Cour d’appel fait dans l’évitement d’une décision sur le fond, lequel est «vide d’éléments à charge selon eux». Me Meilhac, conseil d’Agathe évoque même des raisons politiques.

Qui peut d’ailleurs parler du génocide rwandais, sans que la politique n’effleure son esprit ? A l’heure où sont arrêtés et seront jugés des génocidaires patentés tels Félicien Kabuga (87 ans) le supposé financier du génocide cueilli le 16 mai 2020, après plus de 20 ans de cavale, et de Paul Rusesabgina, de l’Hôtel Rwanda, et surtout après le rapport Duclert commandité par Macron, et remis à lui le 26 mars 2021, rapport circonstancié ayant conclu à la «faillite» mais non à la «complicité» de la France au Rwanda, et enfin après la visite historique du président français le 27 mai dernier à Kigali, et la nomination d’un ambassadeur au Rwanda, on ne comprend pas ce qu’il convient de nommer un bottage en touche de la Cour d’Appel de Paris.

Ménager la patronne de «l’Akazu» à quelles fins ? Gagner du temps après 14 ans de procédure, pour régler la question politiquement ? Car une décision du fond de cette affaire de pogrom enverrait Agathe en jugement et en prison d’autant plus que toujours en mai 2021 Paul Kagame en visite à Paris, disait qu’Agathe Habyarimana était la tête de gondole des suspects dans le génocide et devrait être poursuivis.

C’est sûr qu’à Kigali, et surtout à Urugwiro village, la présidence rwandaise, ce clair-obscur auquel correspond cette irrecevabilité du non-lieu sera reçu en tapinois, et surtout sans enthousiasme.

 La REDACTION

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