J-1 en Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo pointe les dangers qui guettent son pays

J-1 en Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo pointe les dangers qui guettent son pays

Les neuf ans passés loin de son pays n’ont rien enlevé de son verbe et de sa conviction. Laurent Gbagbo, en attente du verdict  de son procès en appel à la Cour pénale internationale (CPI) est plus que jamais incisif à l’endroit du régime de son adversaire.

A deux jours du scrutin présidentiel qui divise la classe politique ivoirienne et dans la surchauffe  et l’ébullition que connaît la scène politique de son pays à l’approche de la présidentielle du 18 octobre, Laurent Gbagbo a décidé de briser le silence. Sans sourciller, le Woody de Mama, comme le surnomment ses partisans, se livre sans réserve dans une interview et exprime sa lecture de la situation de son pays.

Durant cet entretien d’environ quarante minutes, l’ex-président brise le silence et appelle à éviter «la catastrophe» à travers de véritables négociations entre les parties. Sans ambages, celui dont l’héritage est galvaudé par ses ex-lieutenants se dit opposé au troisième mandat et énonce ses griefs contre son adversaire de la présidentielle de 2010, Alassane Ouattara. «Quand j’ai été acquitté, j’attendais d’être en Côte d’Ivoire pour parler, explique-t-il. Mais aujourd’hui, la date du 31 octobre approche. Les querelles nous amènent dans un gouffre. Si je me tais, ce ne serait pas responsable», déclare l’ancien président.

Pour lui, l’actuel locataire du palais de Cocody a manqué d’élégance durant son magistère à la tête du pays. Il estime du reste que les progrès engrangés en matière de bonne gouvernance et de démocratie sont en train de s’écrouler, preuve que son successeur n’en est pas le démocrate et le fervent défenseur des libertés individuelles et collectives, qu’on avait  présenté lors de la crise postélectorale qui les a opposés au sortir de la présidentielle d’octobre 2010.

Des demandes de passeport restées lettre morte depuis trois mois au processus électoral biaisé en passant par les procès politiques, Laurent Gbagbo n’occulte rien et donne des véritables coups au candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix.

Cette sortie tranche avec les dernières annonces du chef d’Etat ivoirien qui lors de cette  campagne électorale a promis d’œuvrer au retour de Laurent Gbagbo au bercail dans le cadre de la réconciliation nationale. Elle est symptomatique de cette classe politique qui depuis trois décennies rythment la vie des populations de la lagune Ebrié par leurs humeurs et ressentiments réciproques. Elle confirme les craintes qui animent bon nombre d’Ivoiriens à la veille du scrutin qui doit ouvrir la voie à une troisième république.

Laurent Gbagbo, rejoint son épouse Simone qui quelques semaines plus tôt, avait dénoncé les abus, les violations répétées des droits  mais surtout les injustices subies par le camp des perdants d’hier. Dans cette Côte d’Ivoire, où l’incertitude règne en maître, le climat politique n’augure rien de bon pour les prochains jours, du fait des tensions qui caractérisent le processus électoral en cours. Si d’un côté, le pouvoir tient à assurer à son scrutin, de l’autre, il y a l’opposition conduite par Henri Konan Bédié, qui refuse de se laisser embarquer dans ce simulacre d’élection. Deux semaines après le lancement par cette opposition de l’opération de boycott actif, les Ivoiriens restent partagés entre «aller aux urnes ou rester en dehors du processus».

Après 9 ans de longue silence, quel impact peut avoir cette sortie du président Laurent Gbagbo sur la situation présente en Côte d’Ivoire ? Comme il l’indique, la catastrophe qu’il prédit, va-t-elle se produire, si les choses restent en l’état ? Doit-on craindre pour ce processus ? Voilà autant de questionnements qui taraudent les esprits en cette veille de scrutin que d’aucuns qualifient de crisogène .

Davy Richard SEKONE

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