Jean Baptiste Tranagda : «Le vote de la diaspora ? Nous doutons de sa réalité»

Jean Baptiste Tranagda : «Le vote de la diaspora ? Nous doutons de sa réalité»

A l’occasion du Traité d’amitié et de coopération, les Burkinabè de Yamoussoukro ont réservé un accueil chaleureux au Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et son équipe gouvernementale. Nous avons saisi cette opportunité pour échanger avec le président de  l’Association des jeunes burkinabè de Yamoussoukro (AJBY), Jean Baptiste Tranagda, sur des sujets d’actualité. A propos du vote des Burkinabè de l’extérieur, il a déclaré que les 200 000 Burkinabè de Yamoussoukro ont accueilli la nouvelle avec joie, mais, «nous ne voyons rien présageant que ce sera une réalité».

La 7e conférence au sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC) vient de clore ses travaux, comment vous l’avez vécue ?

 

Nous l’avons bien vécue. Chaque fois que la conférence doit se dérouler ici, nous sommes impatients de voir les projets que les deux pays mettent en place.

 

Pensez-vous que le TAC peut changer quelque chose pour vous les Burkinabè de Yamoussoukro ?

 

Le TAC fait beaucoup de choses pour nous. L’autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou est une bonne chose pour nous qui partons régulièrement, au pays et en plus, le développement commence par la route. Au plan du développement, grâce au TAC, nous avons ici la CNSS qui nous permet de commencer notre vie professionnelle ici et de la poursuivre au Burkina, tout en profitant des avantages de la retraite. Avec le climat de paix qui règne entre nos deux pays, nous pouvons nous déplacer en toute tranquillité et donc, promouvoir les affaires. Tout cela est dû au traité et je pense que ça va aller de mieux en mieux.

 

Comment se passe la cohabitation entre Burkinabè et Ivoiriens dans votre district ?

 

Depuis longtemps, le Burkinabè se sent chez lui en Côte d’Ivoire. Voilà pourquoi, de tous les pays limitrophes de la Côte d’Ivoire, c’est uniquement avec le Burkina qu’il y a un tel traité. Comme on a l’habitude de le dire, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont des frères siamois. Dans certaines zones, on entend toujours parler de rackets, mais je pense qu’avec la sensibilisation, ça ira de mieux en mieux.

 

Il est prévu que les Burkinabè de Côte d’Ivoire participent aux prochaines élections. Comment la jeunesse burkinabè de Yamoussoukro a accueilli la nouvelle ?

 

Nous avons accueilli cette nouvelle avec joie, mais seulement nous ne voyons rien présageant que ce sera une réalité. Nous sommes en 2018 et en 2019, il y aura le recensement de la population et des lieux de vote. En Côte d’Ivoire, les Burkinabè sont présents sur tout l’ensemble du territoire et on nous dit qu’on doit voter dans les ambassades et consulats. Vous imaginez si on doit demander à quelqu’un qui est à Djokoé, d’aller voter à Bouaké. Ils sont nombreux les Burkinabè qui sont dans les forêts. Aussi, on nous a parlé de la CNIB qui doit être utilisée pour le vote. Nous avons la carte consulaire, donc comment on va faire ? 2020 est déjà arrivé.

 

Qu’est-ce que vous vous proposez ?

 

Nous on propose qu’on nous laisse voter avec la CIC. Et nous souhaitons qu’on vote un peu partout. Comparaison n’est pas raison, mais la communauté malienne vote dans plusieurs lieux ici, à Yamoussoukro, donc nous aussi on peut faire comme eux. S’ils nous donnent les moyens, nous pouvons identifier des écoles où on pourra voter sans souci. Je sais que ça va coûter cher, mais l’Etat burkinabè doit permettre à chaque Burkinabè de s’exprimer. Il faut rapprocher les populations des bureaux de vote.

 

Le fait de voter va changer quoi pour vous ?

 

On dit que les Burkinabè de Côte d’Ivoire sont nombreux, mais nous ne participons pas à tout ce qui se passe au Burkina. Choisir son président, choisir ses représentants, c’est quelque chose de très important pour un citoyen. C’est vrai, la diaspora contribue à l’essor économique du Burkina, mais au plan politique, nous voulons nous sentir encore plus Burkinabè.

 

Vous vivez depuis longtemps à Yamoussoukro, quelles sont les difficultés des Burkinabè, ici ?

 

Ici, nous sommes venus chercher pour envoyer au pays. Ici, la libre circulation des personnes et des biens est effective. Vous pouvez vous déplacer d’un point A à un point B, sans vous soucier de rien, ça déjà c’est quelque chose. La difficulté est que nous sommes éparpillés dans le pays, donc on n’arrive pas à se rassembler pour les sensibilisations. Chacun a ses occupations. Ce qui fait qu’ils sont nombreux ceux des forêts à n’avoir aucun document administratif.

 

Parlant d’occupations, dans quels domaines d’activités on retrouve les Burkinabè ?

 

Les Burkinabè de Yamoussoukro n’ont pas de métiers fixes. Il y a des mécaniciens, des employés de maison, des électriciens, des cuisiniers, etc. Ceux qui sont dans les forêts sont des agriculteurs, des jardiniers.

Aline Ariane BAMOUNI

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR