Ce 19 octobre 2019, Jean-Pierre Fabre, a été désigné sans surprise comme cornac de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) à la présidentielle de 2020 au Togo. Les 107 délégués de l’ANC, au terme du congrès du parti, ont investi l’ex-enfant politique de Gilchrist Olympio avec qui les amarres ont été rompues depuis quelques années.
Un demi évènement donc que cette investiture, alors que la question qui taraude les esprits est celle de savoir, si oui ou non Jean-Pierre Fabre a quelques chances de battre le président sortant Faure Gnassingbé, forcement candidat à sa propre succession pour un 4e mandat, lequel nouveau bail, l’opposition s’est mise vainement debout contre par marches, manifs interposées, ce qui n’a pas empêché une Assemblée nationale quasi-monocolore de toiletter la Constitution pour sauter le gênant article !
Une loi fondamentale, tripatouillée, qui a accordé une virginité politique au représentant de la fratrie Gnassingbé, qui peut donc se présenter encore pour d’autres mandats, à commencer par celui de 2020. Fabre peut-il faire pièce aux ambitions de Faure en 2020 ? On peut en douter pour quelques raisons :
En 2018, au plus fort de la lutte contre ces velléités de 4e mandat, on a encore vu une opposition fiévreuse, décidée certes, mais luttant avec des chapelles qui se gênaient mutuellement. Si c’est Tikpi Salifou Atchadam qui a donné le ‘’la’’ de cette lutte, il sera rejoint par Fabre, par opportunisme, mais surtout par peur d’être éclipsé par ce jeune inconnu du bataillon des opposants, mais qui avait donné un second souffle à une opposition passablement atone. Maladie infantile donc du camp anti-UNIR !
Ensuite, même à la dernière présidentielle, en 2015 en dépit du vœu affirmé des Togolais d’une alternance, Fabre n’avait obtenu que 35,5% et Faure 58,77% contre 33,9% pour le patron de l’ANC contre 60,9 pour Faure en 2010. L’homme de Kodjoviakopé ne franchit jamais la barre de 40%. Certes, c’est déjà beaucoup, mais les présidentielles togolaises se suivent et se ressemblent, et en 2020, Faure risque de «prendre encore son penalty».
Enfin, dernier argument qui milite en défaveur pour Fabre de battre Faure, la probable candidature d’un Tikpi Atchadam. Et si comme sous d’autres cieux, les Togolais avaient également envie d’expérimenter des politiques non professionnels ? Tikpi Atchadam nouveau leader de l’opposition comme Me Yawo Agboyibo des années 90 ?
«L’Obama» Togolais semble avoir perdu de ses atouts. Mais attendons 2020 pour être fixé.
Sam Chris
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