Paris est en pleine ébullition sportive. Festifs pour les uns, vitrine de performances pour les autres, espace d’expressions politiques déguisées pour certains, le rendez-vous olympique perd de plus en plus sa noblesse originelle.
L’essentiel n’est plus véritablement celle de participer, mais plutôt d’afficher la splendeur de son drapeau. Depuis que la couronne d’Olivier qui symbolisait l’honneur et le respect des divinités a cédé le podium aux métaux précieux, l’envergure de chaque participant s’évalue en poids d’or, d’argent ou de bronze.
Pour le Burkina Faso, présent avec 8 athlètes de 5 différentes disciplines sportives, l’entrée en matière, inspirée par la natation (deux nageurs) et le cyclisme (une cycliste) n’ont pas réussi l’inattendu, même si Awa Bamogo s’est malicieusement offerte le monde sur une dizaine de kilomètres. L’idée de placer une attaque dès le top de départ était drôlement gonflée, pour ne pas dire prétentieuse. Mais, elle aura eu le mérite de «syndiquer» à sa manière, le cyclisme féminin africain.
Ce préambule refermé, le Burkina qui s’inscrit désormais dans une option de gestion directe et responsable de son destin a sorti ses plus belles cartes. Le premier atout est incarné par Marthe Koala. Médaillée d’argent aux Jeux africains à Accra, puis médaillée d’or à Douala, la championne burkinabè qui s’est qualifiée pour les finales de saut en longueur, est à Paris avec des ambitions légitimes, même si ces dernières prestations ne font pas d’elle la favorite indiscutable.
Le chevalier le plus attendu à ce raout sportif parisien n’est autre qu’Hugues Fabrice Zango, auteur d’un palmarès qui impose le respect, sur tous les sautoirs mondiaux. Champion d’Afrique, champion du monde en salle et en plein air, médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, le triple sauteur burkinabè s’est qualifié dès le premier essai avec 17m 16 alors qu’il en fallait 17m10. Sans complexe aucun, la tête bien faite et les jambes en état de grâce, Hugues Fabrice Zango ne rêve que d’une couronne en or sur les rives de la Seine. Cap sur la finale demain 9 août avec un Burkina suspendu aux jambes de Zango, un pays en apnée olympique.
Le champion burkinabè devrait cependant sortir les triples pour s’attribuer le graal. Si les Américains Scott et Mane, l’Espagnole Diaz Fortun, l’Australien Murphy semblent domptables, l’obstacle le plus sérieux est sans conteste le Portugais Pedro Pichardo qui a annoncé les couleurs avec un saut qualificatif de 17m 44. Une finale de toute beauté en perspective qui n’impressionne aucunement l’enfant de Ouagadougou.
Digne représentant du taekwondo burkinabè, Fayçal Sawadogo, champion d’Afrique en 2023 à Abidjan, fait partie des dix meilleurs du monde. Freiné dans son ascension par une blessure, Fayçal Sawadogo retrouve aujourd’hui toute sa plénitude physique et mentale avec en ligne de mire, la plus haute marche du podium de Paris 2024. L’esprit olympique introduit par notre championne cycliste et nos deux nageurs, fait place désormais à l’âme chevaleresque incarnée par Marthe Koala, Hugues Fabrice Zango et Fayçal Sawadogo, prêts à descendre au fond de la mine, pour en ressortir ornés de lauriers !
Hamed JUNIOR
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