Joao Lourenço réélu selon la CNE en Angola : Victoire sur le fil pour changement de paradigme

Joao Lourenço réélu selon la CNE en Angola : Victoire sur le fil pour changement de paradigme

Le fait même qu’au fil des présidentielles, le MPLA voit son score descendre, barométriquement est en soi un signe de lassitude ou pur rejet des Angolais : 2012 : 71,84%, 2017 : 61% et 2022 : 51,17%. Cherchons l’erreur ! Lourenço gagne, mais Costa Junior ne perd pas. Surtout le fait que 5 membres de la Commission nationale électorale (CNE) menacent de ne pas signer, la décision est révélatrice du mano à mano entre les deux duellistes. Les résultats provisoires proclamés déjà il y a 72 heures qui donnaient Joao Lourenço gagnant avaient été contestés par son challenger Adalberto Costa Junior.

Qu’on ne s’y trompe  donc pas , avec ces 51,17% et 124 députés, crédités au MPLA par la Commission électorale, et les 43,95% et 90 députés attribués à l’UNITA, c’est moins un tropisme pour l’opposition qu’un vote-sanction contre le MPLA. La preuve, à l’hémicycle les électeurs n’ont pas donné comme de par le passé la majorité des deux tiers des sièges  au MPLA, ce qui lui aurait permis de voter mécaniquement les lois. Dans cette future Assemblée nationale, qui n’est plus une caisse de reconnaissance du parti-Etat, le MPLA aura à batailler dur pour permettre à son champion de président de gouverner tranquillement.

C’est donc un second bail qui, en principe, devrait donner un second souffle à Lourenço, mais  au regard des résultats très serrés c’est un président un peu en difficulté qui rempile. En effet, si depuis qu’il a repris le gouvernail du pays, le successeur de «Zedu» surnom du défunt président Dos Santos, si Adalberto a essayé de commettre le parricide politique et économique, par une tentative de ne pas marcher dans les pas du maître, et de moraliser les mœurs  politiques et la gouvernance économique, les résultats ont été très en-deçà des attentes de ses compatriotes, surtout de la frange jeune. C’est donc un second mandat obtenu à l’arraché qui devrait permettre à Lourenço de changer de paradigme, en inversant certaines tendances lourdes et en réussissant des réformes hardies.

En récession, depuis un quinquennat, l’Angola a renoué avec la croissance en 2021, mais même avec le pétrole (30% du PIB et 90% des revenus d’exploitation) et le diamant, le «miracle» promis par Lourenço n’a pas eu lieu, l’inflation culmine autour de 25%, le taux de chômage est compris entre 25 à 30% et rien qu’entre septembre et novembre 2021, près de 300 mille Angolais ont perdu leurs emplois.

Ensuite, il faudra que Lourenço II puisse lutter contre la corruption endémique qui irrigue de gros pans de l’économie angolaise avec des fuites de capitaux et du blanchiment d’argent.

Que compte faire Lourenço II par exemple pour rapatrier les fonds angolais de l’extérieur dont les responsables sont des apparatchiks du MPLA, qui, d’ailleurs font la moue aux tentatives d’opérations «Mains propres» du président ?

Assainir l’environnement des affaires du pays dont les aiguilles retardent sera aussi un chantier titanesque de Lourenço. Car ce problème handicape les investissements dans les secteurs non-pétroliers qui tardent à prendre.

Enfin, revoir ses rapports avec le FMI, vers lequel il s’est tourné, sera aussi un gros dossier de ce deuxième mandat. Car si le FMI est bien disposé à aider l’Angola, il faudra bien que le pays réduise sa dette publique gigantesque, avec comme effets des millions de cas sociaux, qui n’intéressent pas a priori l’institution de Bretton Woods !

L’avènement d’un Etat frugal ou du moins,  adopter un régime drastique applicable au train de vie de l’Etat serait aussi bien vu par les Angolais.

On le constate, c’est un second mandat obtenu à partir d’une victoire très étriquée qui nécessitera une vraie révolution copernicienne dans divers domaines pour espérer le changement souhaité. Lourenço II en sera-t-il capable ? 

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR