Journée nationale de la souveraineté retrouvée au Mali : Piqûre de rappel à la CEDEAO sur fond de retour chahuté de l’imam Dicko

Journée nationale de la souveraineté retrouvée au Mali : Piqûre de rappel à la CEDEAO sur fond de retour chahuté de l’imam Dicko

Le 14 janvier est désormais Journée nationale de la souveraineté retrouvée au Mali, elle est chômée et payée par décret du prince. Ce 14 janvier 2023, les Maliens l’ont donc commémoré pour immortaliser le symbole de cette mobilisation grandiose il y a un an à la place de l’Indépendance de Bamako contre les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA dictées à l’époque contre le Mali.

Souveraineté retrouvée signifie que le Mali ne l’était pas mais l’est désormais. Il ne faut pas être grand politologue pour comprendre que cette commémoration est aussi un message contre la France avec laquelle le Mali s’est brouillé depuis le double coup d’Etat : renvoi de l’ambassadeur, renvoi de Barkhane, coupure des relations diplomatiques et diatribes contre l’ex-Métropole, qui le lui rend bien de temps en temps verbalement aussi.

A cette occasion, ce 14 janvier à Kati, ville-garnison et quartier des militaires qui ont tombé IBK, on a fêté l’évènement, et le chef de la Transition, Assimi Goïta dans un message a parlé de «renforcer l’union des Maliens et de la patrie».

Une «souveraineté nationale retrouvée» que d’aucuns Maliens et pas seulement eux interrogent quand on sait que le Nord et le Centre du Mali souffrent toujours du terrorisme et surtout de l’absence d’Etat. Or, souveraineté rime avec intangibilité du territoire ! Tant qu’il y a 1m2 de la superficie malienne qui est occupée par des katibas, cette souveraineté reste une incantation populiste. Alors souveraineté par rapport à quoi ou à qui quand des grandes portions du territoire échappent à Bamako ?

Néanmoins, si cette commémoration a fait mouche, c’est du côté de la CEDEAO et de l’UEMOA, car, on célèbre cette sortie mémorable des Maliens il y a 12 mois, pour signifier qu’à l’époque, la CEDEAO avait peut-être eu la main lourde, mais que le Mali avait résisté, voire défié l’organisation sous-régionale. Une sorte de piqûre de rappel à cette «CEDEAO des chefs d’Etat», expression en vogue à Bamako, pour lui signifier que le «Mali n’est plus un pays intimidable» dixit une Malienne. C’est une journée qui intervient aussi quasi-concomitamment avec le retour chahuté de l’imam Dicko de l’Arabie Saoudite. La figure totémique de l’islam au Mali, qui revenait de Ryad a vu son cortège essuyer des tirs de lacrymogènes de la part des forces de l’ordre. Pourquoi ? Sur ordre de qui ? Quels peuvent en être les motifs. C’est en tout cas un fait qui survient au lendemain d’un texte trempé à l’encre de la contestation, celle de l’imam Dicko, lequel le 9 janvier dernier, via l’écrit de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Dicko (CMAS) qui se réclame de lui, laquelle missive s’est inscrite en faux contre le projet de nouvelle constitution. Pour celui qui a contribué moralement à aider les militaires à renverser IBK, cette Loi fondamentale en gestation n’est pas pertinente car :

«Nous considérons que ce n’est pas une nouvelle constitution qui peut aider le Mali à sortir de la crise multidimensionnelle …

Les causes et la source de la pérennisation de mauvaises élections, de la mauvaise gouvernance, de l’impunité, du népotisme, de l’insécurité et du délitement de l’Etat se trouvent ailleurs que dans «la Constitution du 25 février 1992».

A un mois du référendum constitutionnel (19 mars 2023) ces verbatim ne peuvent qu’irriter les militaires de Kati au pouvoir qui ont tracé leur agenda qu’ils ont plus ou moins réussi à imposer aux Maliens et à la Communauté internationale, ces propos donc ne peuvent qu’agacer les maîtres du Mali qui sont autant étonnés  que nerveux face à ce puissant allié d’hier qui se rebiffe.

En effet, celui qui officie à présent comme imam de la mosquée du quartier Badalabougou de Bamako, après avoir été un soutien indéfectible du M5-RFP, qui participa à pourrir davantage l’atmosphère de fin de règne d’IBK et de sa chute, cet imam semble avoir pris ses distances avec la junte. La CMAS a d’ailleurs décliné l’invitation du colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale qui a rencontré les membres de la société civile ce 12 janvier 2023. Est-ce cette sortie qui lui a valu cet accueil mouvementé depuis l’aéroport et sur la route de son domicile ?

Et ce n’est pas tout, comme en échos à ce désaccord, le président du Haut conseil islamique (HCI), Chérif Ousmane Madani Haidara avait laissé entendre fin décembre que «ça ne va pas tant sur le plan sécuritaire qu’alimentaire au Mali». S’agit-il d’un divorce entre la Transition et ces personnalités religieuses très influentes ? Seul l’avenir nous le dira.

La REDACTION

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