Journée onusienne contre l’impunité : A Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les journalistes reconnaissants

 Journée onusienne contre l’impunité : A Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les journalistes reconnaissants

Le 2 novembre 2013, les journalistes de RFI Claude Verlon et Ghislaine Dupont connaissaient une fin tragique à Kidal au Mali. Ils ont été fauchés par des balles assassines dont les auteurs bourlinguent toujours aujourd’hui dans les méandres obscurs de l’imprécision, d’un flou artistiquement suspect et recouvert du voile nauséabond de l’impunité. Cinq ans après leur mort, la Justice n’a pas encore eu grand-chose à se mettre sous la dent pour étancher la souffrance de leurs proches et réduire la liste des journalistes réduits au silence par la Faucheuse ignoble de l’impunité.

Depuis lors, l’Assemblée générale de l’ONU a institué la «Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes». A quelque chose, on dira que malheur est bon. Tout comme au Burkina où la liberté de la presse a été libérée des geôles de la censure et du bâillonnement après l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo, les journalistes du monde entier pourront ainsi  être reconnaissants à leurs confrères français arrachés brutalement à la vie. Leur décès aura contribué à mettre en lumière une situation qui rasait les murs du banal dans le quotidien des habitants de la planète Terre. De nombreux artisans de la plume sont régulièrement tués pour leur profession dans une quasi-indifférence sidérante.

Mais il aura fallu l’atroce journée de novembre 2013, que des ressortissants du pays qui se présentent comme le chantre de la défense des droits humains et de l’égalité, pour qu’une prise de conscience ébranle la passiveté ambiante et oblige le «Temple de la paix mondiale» à se décider à instaurer cette journée.

Cependant, on est en droit de se poser des questions sur l’impact réel de cette célébration. Il ne suffit pas, bien que l’acte soit louable, de donner un nom à une journée pour que les choses changent. La preuve, la strangulation et le démembrement du journaliste saoudien Jamal Khashoggien Turquie sont intervenus quelques semaines avant cette fameuse journée.

Les boucliers se sont certes levés presque partout dans le monde pour condamner cette barbarie. Mais cela suffira-t-il à faire éclater la lumière et rendre gorge les potentiels présumés tout-puissants commanditaires de cet assassinat ? Car l’on sait que derrière le meurtre d’un journaliste qui enquête se trouve généralement un homme puissant, qui ne tient pas à ce que ses bassesses qui jurent avec sa prétendue noblesse soient rendues publiques.  Le voile de l’impunité ne va-t-il pas une fois de plus recouvrir ce crime tout comme il marbre de mystère et de silence le visage de la ou des personnes qui ont assassiné et fait tuer nos confrères de RFI, Claude Verlon et Ghislaine Dupont ? Il est à espérer que non. Et du reste, le cas du journaliste saoudien est une occasion de montrer que les déclarations de principe ne sont pas vêtues du manteau de l’hypocrisie.

Ahmed BAMBARA

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