Journées «ville morte» en Guinée : Incorrigibles politiques  guinéens !

Journées «ville morte» en Guinée : Incorrigibles politiques  guinéens !

Ainsi donc Sidya Touré avait raison ! Quelques instants après la signature de l’accord politique du 8 août 2018, censé mettre fin à six mois de crise postélectorale après le scrutin municipal, il avait asséné, sûr de lui, que l’échéance de vie de ce parchemin était aussi longue que le temps qu’il faut pour prononcer du pays, Guinée-Conakry ! Et il avait vu juste.

Environ deux mois après cet accord très parfait pour le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), parfait s’il est appliqué, selon l’Union des forces démocratiques de Guinée, le pouvoir et la majorité sont à nouveau à couteaux tirés. Des journées «ville morte» ont été décrétées et la première, qui a eu lieu ce 15 octobre 2018, a apparemment reçu de l’écho.

Ce qui a provoqué le courroux de l’opposition ? Elle affirme, la main sur le cœur et convaincue de son fait, que le parti au pouvoir, le RPG, fait tout son possible pour freiner l’installation des conseils municipaux. Qui plus est, il userait de moyens déloyaux pour corrompre les élus locaux afin qu’ils pensent du côté du pouvoir, avant leur prise de fonction. Une situation qui offusque l’opposition et la pousse à inciter les Guinéens à rester chez eux et paralyser les villes de la Guinée. Et revoilà l’éternel opposant Cellou Dallen Diallo, qui a décrété cette opération « villes mortes» pour protester contre cette tentative de mise sous coupe réglée des exécutifs locaux.

C’est certain. User de tromperie, de fourberie et qui pis est, de la corruption pour contraindre son adversaire à plier le genou et l’échine ne mérite pas figurer dans les annales de l’honorabilité et de la dignité. Même sur le terrain politique terreau par excellence des chausse-trappes. Le RPG, s’il se livre à cette acrobatie, n’est finalement pas mieux que le système qu’il a combattu toute sa vie durant lorsqu’il était sous l’étendard crasseux et pénible de l’opposition. Ce serait encore plus dommageable quand on sait qu’il se susurre que Alpha Condé, l’actuel président de Guinée, lorgnerait un troisième mandat indu, en ce 21e siècle où l’Afrique aspire à plus de démocratie, plus d’alternance et où la Guinée-Conakry mériterait mieux que cette stérile guéguerre entre ses fils politiques. C’est peut-être déjà ce combat pour la prochaine bataille de Sekoutoureya qui se joue en sourdine à travers la fin de cette trève de l’opposition. L’actuel locataire bouche les oreilles pour ne pas entendre ceux qui voudraient qu’il lâche clairement comme le Nigérien Mahamoudou Issoufou ou le mauritanien Abdelaziz, que c’est son second et ultime mandat. C’est là aussi une explication de cette montée d’adrénaline politique en Guinée. On n’aurait rien pipé si dans ce pays,  marches «villes mortes» et autres ne rimaient pas avec violences.

C’est en ce sens que la colère actuelle de l’opposition en perd quelques plumes au niveau de sa légitimité. Réclamer l’installation des conseils municipaux, d’accord, mais s’offusquer parce que ses élus auraient basculé dans le camp du pouvoir revient à trop tirer sur la corde. Du reste, n’est-ce pas à l’opposition de trouver des hommes et des femmes intègres, imperméables à la corruption et aux intimidations pour défendre ses intérêts. Et d’ailleurs, quelles preuves tangibles l’opposition a-t-elle sur ces prétendues manœuvres de corruption ? Si elles sont disponibles, que Cellou Dalein Diallo et compagnie saisissent les organes judiciaires au lieu de tout le temps prendre le chemin de la rue en paralysant un pays qui est exsangue  et immobilisé sur le trajet de son développement depuis qu’il a accédé à son historique indépendance. Car la preuve est quasiment faite, qu’avec l’actuelle génération d’hommes politiques, on repasse les plats, entre Alpha et Cellou, ce sera, la guérilla permanente, et le Guinée doit rompre avec ce bégaiement de l’histoire.

La classe politique guinéenne est devenue si prévisible que ses sautes d’humeur ont fini par blaser. A l’évidence, il lui faut nécessairement un renouvellement de ses acteurs pour espérer que la Guinée de ce marasme fait de querelles, de guerres et surtout de sang  coulé de ses fils et filles, sur l’autel des intérêts de ses «leaders» politiques.

Ahmed BAMBARA

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