Emmanuel Macron parti d’En Marche en 2017, c’est-à-dire hors des moules apparatchik des partis traditionnels, après son 1er duel avec Marine Lepen, il y a 5 ans à l’issue duquel, il l’avait remporté, vient de rééditer l’exploit. Une victoire nette, même s’il y a 8 points de recul par rapport à 2017.
58,3% pour le champion de LREM et 41,7% pour l’égérie du parti frontiste. Encore une fois tout comme il y a 20 ans, un certain 21 avril 2002, une partie de la France (ici avec des ouailles du faiseur de roi, l’insoumis Jean-Luc Mélenchon) aura permis de faire barrage au RN. Certains comme Robert Menard, maire de Bezières parle d’un plafond de verre, alors que d’autres y voient une conséquence de l’irruption d’Eric Zemmour avec sa Reconquête.
Les Français opineront sur le taux d’abstention de quasi 28%, le plus élevé depuis 1969, et d’une recomposition du paysage politique qui a débuté il y 5 ans avec un désastre des traditionnels partis de droite et de gauche.
Mais vue d’Afrique que représente cette reconduction de Macron à l’Elysée ? Quel jugement le Sahel peut-il faire de la réélection de Jupiter ? Evidemment, ses promesses et ses actions en cours devront se poursuivre. Barkhane a quitté le Mali, et après le feu vert de l’Assemblée nationale du Niger, la «Rearticulation» pour reprendre le mot du général Thierry Burkhard d’une partie des 2 400 soldats de Barkhane et 900 de Takuba, la force européenne, sur le sol nigérien (à Tillabéri) dans la région des 3 frontières se poursuivra, selon la décision prise le 17 février, au cours du sommet de Bruxelles UA-UE.
Le Sahel n’a pas à attendre un chamboulement ou grand-chose, dans la trajectoire de la gestion sécuritaire, qu’elle partagera sous Jupiter 2. Ce dernier aura à clarifier certains dossiers pendants avec ce Sahel, en particulier avec l’ex-glacis français. A commencer par la politique africaine de la France, qui n’a plus rien à voir avec le NI-NI de jadis, mais «qui n’existe pas» selon Macron alors qu’elle existe bel et bien et devrait être clarifiée. Ce sera du reste la même exigence chez de nombreux dirigeants de la sous-région laquelle est marquée par une épidémie de coups d’Etats (Mali-Guinée et Burkina Faso).
Eclairer de façon nette la lanterne de cette jeunesse africaine qui piaffe d’impatience de savoir maintenant, vers où les mènent leur dirigeant, mais surtout qui veut que les supposées vénéneuses scories des miasmes de la Françafrique soient brulés. Et comme la jeunesse française sera son dada, qu’il n’oublie pas celle africaine !
Ça tombe bien, Jupiter 1 n’a fait que professer cela et Jupiter 2 devrait affiner ses paroles et ses actes. Au-delà de cette victoire, les Africains devraient aussi ausculter les 41,7% du score de Marine Lepen. Ce n’est pas rien, et ce n’est pas un hasard qu’après les 17% de son père, il y a 20 ans renvoyant Jospin à ses théories socialistes et affrontant Chirac, 20 ans après ce séisme politique, par 2 fois, sa fille fait bégayer l’histoire qui ne choque plus d’ailleurs. Il y a donc 41,7% de Français qui épousent les thèses frontistes. Vue d’Afrique, il faut se convaincre qu’il y a une hypocrisie qu’on fait semblant de ne pas voir. Oui, il y a 41,7% de Français qui sur l’immigration, les Africains, la guerre au Sahel, sont sur la même longueur d’onde que Lepen. Et ça, c’est un grand signal que les Africains doivent intérioriser et même l’émergence d’un Zemmour est symptomatique qu’il y a quasiment 1 Français sur 2 qui estime que l’Afrique n’est pas sa tasse de thé et surtout que ce fameux cordon ombilical doit être rompu.
Et tôt ou tard, malgré ce double plafond de verre (parti frontiste-candidate), il y aura un jour où la France pourrait balancer dans ce sillon politique. Ça peut prendre 100 ou 500 ans, mais l’Afrique doit savoir lire l’histoire et comprendre que LREM ou RN, un Etat n’a pas d’ami, mais des intérêts.
La rédaction
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