Kidal, 10 ans après, la 1ère équipée terroriste : Des noces d’étain qui couvent des braises

Kidal, 10 ans après, la 1ère équipée terroriste : Des noces d’étain qui couvent des braises

Ce n’est pas le type de célébration qui entraine des scènes de joie et d’exultations mais la situation exige que l’on s’en remémore car la déflagration a fini par s’étendre où l’on l’attendait moins.

 Il y a dix ans, (soit le 30 mars 2012), Kidal,  capitale de la région du Nord-Mali  tombait aux mains d’une Coalition de groupes armés. Partie de Menaka où ils avaient pris le soin de murir leur stratégie, cette coalition dominée par des djihadistes se verra coller l’appellation «rébellion touareg», avant que la réalité ne saute aux yeux du pouvoir de Bamako et du monde. Les petites localités tombèrent les unes après les autres sans résistance. En quelques jours, la horde de combattants atteint Kidal qui tombe à son tour le 30 mars 2012. La fulgurance de l’avancée inquiète. Alors que l’offensive se dirige vers le Centre du pays, le gouvernement malien ne sait pas par quel bout saisir la situation. L’armée n’arrive pas à faire face à la puissance de feu des «rebelles». Le SOS lancé par le Mali est entendu à l’ONU et à Sévaré, un des derniers verrous avant Bamako, l’Opération Serval se mit en branle pour stopper cette avancée après que le téléphone eut longtemps pleuré entre le Quai d’Orsay, l’hôtel de Brienne et l’Elysée. La France sera acclamée et son président de l’époque François Hollande débarque en «héros» à Tombouctou. Entre temps, Serval cède la place à Barkhane pour aider à stabiliser le pays mais les résultats sont mitigés.

10 ans après, ce qui avait été assimilé à  de l’irrédentisme touarègue s’est  muée en «terrorisme» et le constat est macabre. Plusieurs vies fauchées, des villages entiers brulés, des millions de personnes déplacés et Bamako vit au rythme des changements de régime sans parvenir à pacifier le septentrion  et le Centre maliens. Arrivée sous les hourras des populations, Barkhane est aujourd’hui pointée du doigt et l’arrivée de la junte au pouvoir en août 2020, après deux coups de force n’arrange pas les choses. Entre accusations mutuelles et diatribes, le retrait de la Force Barkhane est annoncé le 17 février 2022 à Bruxelles dans des conditions inattendues. Le Mali décide d’aller voir ailleurs en «diversifiant son partenariat».  L’Ours russe à travers le sulfureux groupe paramilitaire Wagner est sollicité. La France se dit outragée et redéploie ses troupes dans la Zone des trois Frontières.

Mais les premiers résultats se font attendre toujours. Si le pouvoir de Transition annonce des embellies dans la lutte contre les groupes armés terroristes, force est de reconnaitre que la route s’annonce longue. Des cas d’incursions meurtrières continuent d’être enregistrés au pays de Mobido Keïta. Hier c’était encore le cas. Une nouvelle nuit endeuillée que celle du 29 au 30 mars 2022 aux encablures du pied des falaises de Bandiagara, 8 soldats maliens en mission dans cette zone du Centre et du Sud ont été tués par des terroristes. La source de l’état-major des FAMa mentionne qu’entre Sangoiba et Yaokanda, une Unité de reconnaissance des FAMa est tombée dans un traquenard, 21 terroristes ont été neutralisés tandis 8 soldats maliens sont morts.

On ne cessera jamais de le répéter. Depuis le départ de Barkhane et le vide engendré et avec les différents Katibas qui voulaient en découdre entre eux, ou avec d’autres groupes tels les meurtriers combats à Menaka et Gao entre le CSP et l’EIGS depuis ce départ, les Katibas ont encore pignon sur sable. On ne le précisera donc pas assez, le Centre et le septentrion du Mali sont livrés aux hordes terroristes, et aux palabres sanguinolentes entre communautés, peuls et Dogons pour ne citer que celles -là

Et c’est dans ce contexte kafkaïen qu’exhalent des odeurs de bavures ou d’exactions des FAMa envers des civils. Régulièrement, l’état-major se fend de démentis, mais rien n’y fit. Les combats continuent et 10 ans après Serval et 2 mois après le départ de Barkhane, le Mali est à la croisée des chemins au plan sécuritaire. Nul pas même la junte au pouvoir ne sait à quand sa fin.

Davy Richard SEKONE

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