La Côte d’Ivoire post AGC : Après Ouattara, Ouattara et le culte de l’indispensabilité

La Côte d’Ivoire post AGC : Après Ouattara, Ouattara et le culte de l’indispensabilité

Vendredi 17 juillet sur le coup de 13h 30, après la prière, Amadou Gon Coulibaly (AGC) est inhumé aux côtés de son père. Coup de pelle après coup de pelle, c’est une perspective de la vie politique ivoirienne qui prend fin ici à Korhogo.

Pour la Côte d’Ivoire, mais surtout pour Alassane Ouattara, c’est une peine indiscible.

Certes, il a vécu des épreuves dans cette mortelle arène depuis que «le vieux», l’a appelé comme premier ministre en 1990, jusqu’à l’interminable crise post-électorale de 2010, en passant par sa prise en main du RDR, après le décès de Djeni Kobena et le concept de «l’ivoirité», mais jamais Ouattara ne s’est senti aussi impuissant, vulnérable, envahi par cette impression de syndrome obsidinonal, qui fait qu’on se sent comme un animal encerclé par des chasseurs. Il est vrai que depuis 3 décennies qu’il nage dans le marigot politique, Ouattara s’est accommodé des menaces et des chausses-trappes, d’où cette sorte de repli sur son dernier cercle constitué de Téné Birahima dit «photocopie », ministre des Affaires, présidentielles, Hamed Bakayoko dit Ham’Bak titulaire de la défense et Amadou Gon Coulibaly, … Avec eux, c’est à la vie, à la mort.

Là dans cette région du Poro, fief des Gon où il vient d’enterrer le père du ministre Bruno Koné son gendre, mais surtout AGC un des dignes fils du coin, il est effectivement question de mort, car il vient de perdre son dauphin mais il est surtout aussi d’élection cruciale dans 3 mois, où en tant que président sortant et non-sorti, il veut peser, voire avec les circonstances actuelles, y être. Il sait donc que les prochains heures, jours et mois, se jouera l’avenir du RHDP, le sien à lui et celui de toute la Nation entière.

Et même si politiquement la météo ivoirienne reste indéchiffrable, il y a des tendances lourdes et massives. A commencer par une observation du déroulé des obsèques du défunt cornac du RHDP :

– A toutes les étapes de l’hommage à AGC de Babi (surnom d’Abidjan) jusqu’à Korhogo, Ham’Bak qui a piloté les cérémonies sous la supervision directe de Ouattara était quasiment toujours à la droite de ce dernier. A la droite du père donc ! Alors Hamed Bakayoko futur premier ministre confirmé ? Dauphin ? Ou même vice-président ?

– Et quand Ham’bak était là, l’allié du Sud, le métis, et très compétent Patrick Achi, secrétaire général de la présidence, n’était pas loin lui aussi du «PRADO», autre appellation de Ouattara. Lui également est invariablement sur la short list des probables promus.

– On peut allonger cette liste avec Tidiane Thiam dont on ne sait pas s’il s’est résolu à accepter le poste de premier ministre maintenant ou après avec le président élu voire même, être présidentiable, sans oublier les Kandia Camara (ministre de l’Education) Kouakou Bandama et autre Adjoumani.

Au regard de toutes ces hypothèses, et selon de plus en plus de sources fiables, Ouattara est presque gagné par le virus d’un 3e bail. Les écueils ne manquent pas à cette quasi-certitude : le corset constitutionnel, sa parole donnée le 5 mars 2020, devant les parlementaires réunis en congrès à Yakro, et l’œil des Ivoiriens et de la Communauté internationale. Mais face à l’impromptue Grande Faucheuse, qui lui a ravi son  champion, AGC, Ouattara est le seul rempart pour garantir la victoire au RHDP, du moins, clame le chœur des Ouattaristes. La question n’est plus de savoir s’il va être candidat à sa propre succession ou non, mais avec quel allié compte-t-il gagner la bataille du 31 octobre 2020 vu, qu’aucune formation politique en Côte d’Ivoire n’a étrenné l’imperium sans alliance ?

Avec le PDCI ? Peu probable ! Avec le FPI ? Chimère ! Ou avec … Soro absous de tous ces crimes ?

Ouattara, le stratège, le méticuleux qui agit avec une précision d’orfèvre est à l’heure des choix, et tombera immanquablement dans le culte de l’indispensable : Après Ouattara, Ouattara ! Il bénéficie de circonstances atténuantes à bien des égards, mais il lui faut absolument être élu, et dans ce cas, il pourra même écourter son mandat, «arranger» certaines choses et partir, la tête haute. Meilleure scénario.

Si c’est la bérézina électorale dans 3 mois, l’image à laquelle il tient à laisser au monde et à la postérité (second Houphouët, Bâtisseur…) sera battue en brèche, et même son legs économique et infrastructurel ne pourra pas résister à cette sortie de route. Scénario cauchemardesque. En film comme en politique, c’est toujours le clap de fin qu’on retient.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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