La Covid-19, désormais ennemi public n°1 au Burundi : Le général-Président Ndayishimiye  met fin à une imposture d’Etat

La Covid-19, désormais ennemi public n°1 au Burundi : Le général-Président Ndayishimiye  met fin à une imposture d’Etat

Fallait-il attendre que le «Guide spirituel suprême» soit rappelé par Dieu, pour qu’enfin on reconnaisse l’existence de la pandémie au Burundi ? Est-ce le même Dieu qui «purifiait l’air burundais et qui le préservait du Covid-19 ?».

Deux semaines après sa prestation de serment avant terme, c’était prévu pour le 20 août et 4 jours  après les obsèques de son prédécesseur, dont les causes du décès suscitent toujours polémiques, «l’héritier», le nouvel élu, n’a pas pris de gant pour ramer à rebrousse-poil de la propagande d’Etat, dont le déni de la Covid-19 n’aura d’égal que le nombre indéterminé de contaminés. Ce 30 juin, le chef de l’Etat à peine installé à Gitega  a déclaré la Covid-19 «le plus grand ennemi des burundais», et dans la foulée a annoncé que l’Etat subventionnera 50% le prix du savon, le prix du mètre cube d’eau sera baissé, et les dépistages relatifs à la pandémie, seront effectués.

Cette posture pour la moins copernicienne, quand on sait que jusqu’à son dernier souffle, le défunt-président N’Kurunziza a toujours fait dans la dénégation détonne et soulage. Marchés bondés sans port de masque, matchs de football… tandis que la planète se barricadait, observait les élémentaires distanciations sociales, le Burundi vivait dans l’insouciance et le mensonge d’Etat.

Il aura fallu d’abord, l’évacuation de la première dame, Denise N’Kurunziza dans un hôpital kenyan car souffrant de la Covid-19, et surtout du décès subit, officiellement par crise cardiaque du président lui-même pour que les langues se délient pour qu’on ose évoquer ce sujet banalisé. Aujourd’hui, il semble même avéré que plusieurs personnes de la Présidence ont contracté la maladie. Quand l’Etat ment à la Nation, ça ne peut que donner ça, une éventuelle catastrophe médicale. Le général-Président met donc fin à une redoutable imposture d’Etat non sans susciter plusieurs questionnements. S’il n’était pas président sous N’Kurunziza, il faisait partie du cercle fermé des généraux qui détenaient la réalité du pouvoir : si le gouvernement avec à sa tête N’Kurunziza prêchaient l’absence de la covid-19, lui général Ndayishimiye, peut-il dire qu’il ne cautionnait pas cette position, voire qu’il n’a pas été un des instigateurs ? Mort, N’Kurunziza a bon dos, qu’on se défausse sur lui, mais ce cynisme  étatique pensé et véhiculé est l’œuvre d’un système. L’actuel nouveau président faisait-il oui ou non parti de ce système ? Quand on expulsait les 4 représentants de l’OMS du Burundi, Ndayishimiye était-il au courant ou non ? Pourquoi avoir attendu peut-être une situation où il sera encore plus difficile d’inverser la tendance de la pandémie, pour la déclarer ?

C’était quand même cruel de savoir que le Burundi dans ce monde-village ne pouvait pas échapper au coronavirus et faire dans un entêtement bovin dans le mensonge !

Cependant mieux vaut toujours tard que jamais, et c’est un bon pli que prend le président Ndayishimiye, dont le pays a déjà reçu 5 millions de dollars de la Banque Mondiale pour lutter contre la maladie. Reste au général-président qu’il poursuive cette œuvre de déconstruction utile de ce qu’a fait N’Kurunziza dans les domaines politiques et des droits de l’homme dans lesquels son prédécesseur a fortement failli. Le pourra-t-il dans un système que Ndayishimiye a lui-même contribué à sécréter?

Pélagie Ouédraogo

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR