Vendredi 25 août 2023, l’oukase des militaires putschistes de Niamey tombe : l’ambassadeur de France Sylvain Itté, accrédité au Niger, est sommé de quitter le territoire sous 48 heures. La raison officielle de cette expulsion du diplomate français selon le CNSP est que l’intéressé a refusé de participer à une réunion au ministère des Affaires étrangères du Niger.
Réplique du Quai D’Orsay : les tombeurs du président Bazoum, considérés comme illégitimes et illégaux ne sont pas qualifiés et habilités à déclarer Sylvain Itté persona non grata au Niger. Enième ping-pong diplomatique, d’ailleurs entre le CNSP et la France. Puisque l’ambassadrice du Niger à Paris relevée de ses fonctions a opposé une fin de non-recevoir à cette sanction sous le couvert que c’est le président élu Bazoum qui l’a nommée, et seul ce dernier peut la déchoir. Une position partagée par Paris qui la considère toujours comme la représentante légale du Niger à Paris, à partir du moment où la France n’a pas reconnu le CNSP, et a suspendu ses aides multiformes avec le Niger.
On en était encore là, et voilà que l’ambassadeur Itié est prié de faire ses valises. Nette opposition de ce dernier et de Paris. Et dans la foulée, le 26 août dernier, le général Tiani et ses frères d’armes ont répondu à la France que si l’ambassadeur rechigne à quitter le Niger, il le fera sous la contrainte ! Ça sent l’escalade à plein nez. Car cet accès de fièvre diplomatique n’est pas nouveau, mais prend encore du relief, car il touche le cœur d’un problème : la France ne reconnaît pas le CNSP, s’aligne derrière la CEDEAO, laquelle exige le retour de Bazoum. Sujet tabou pour le CNSP, qui utilise le ressentiment antipolitique française, pour surfer et signifier que l’ère Bazoum est révolue.
Ce même jour, c’est-à-dire le 26 août 2023, au stade Seyni Kountché, il y a eu encore un énième rassemblement de populations pour apporter leur soutien à la junte nigérienne. Tandis que du côté de la base française, les femmes nigériennes se sont massées à la devanture pour demander le départ des soldats français, au nombre de 1 500, la plupart venus du Mali de l’ex-Barkhane.
L’affaire Sylvain Itté qui rejoint ceux de ses collègues au Mali et au Burkina, lesquels avaient été aussi priés de partir, son cas à Niamey met à nue un bras de fer entre les militaires de Niamey et l’ex-Métropole, laquelle accusée d’être derrière la CEDEAO, pour une intervention au Niger, afin de chasser les putschistes pour rétablir Bazoum.
Derrière l’affaire Itté, il y a le cas Bazoum, ligne rouge pour les militaires, et avec le président élu toujours enfermé au palais présidentiel, c’est toute la médiation entreprise depuis le 31 juillet qui est caduque. Avec un désamour Niger-France grandissant que les panafricanistes et ceux qui s’en réclament appellent une seconde décolonisation. CQFD.
La REDACTION
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