C’était intenable, puérilement vain et inutilement inopérant pour perdurer, ce maintien de l’ambassadeur français Sylvain Itté à Niamey contre la volonté des autorités, fussent-elles putschistes et non reconnues par la France, ils ont la réalité du pouvoir, et le constat de ce bras de fer qui n’en vaut pas la peine, est valable également pour les 1 500 soldats au Niger, lequel n’en veut plus depuis le putsch du 26 juillet 2023 !
Le président Emmanuel Macron a donc lâché prise, une inflexion hier, sur le coup de 20h 30 (18h 30 GMT) sur la chaîne de télé CNews. Non sans auparavant sur le problème migratoire répété la martingale très célèbre «La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde». Puisque 11 000 migrants de Lampedousa et propos du Pape dans la cité Phocéenne obligent, la problématique «des grands remplaçants» selon Zemmour s’est invitée à cet entretien, et Macron a non seulement répondu au Pontife romain, sur «l’indifférence de la France», mais a estimé qu’en la matière, le pays fait sa part de boulot.
Sur le Niger, on a encore senti un Emmanuel Macron passablement agacé, à défaut d’une colère contenue. L’intransigeance, c’est évidemment sur une quelconque reconnaissance du général Abdourahamane Tiani, comme président du Niger. Le CNSP n’est pas légitime. Et Macron avoue d’ailleurs qu’il a encore eu au téléphone Mohamed Bazoum, le chef de l’Etat renversé, mais le seul que le président français reconnaît comme le président démocratiquement élu du Niger.
Mais si Jupiter est resté vertical droit dans ses souliers sur la non-reconnaissance des putschistes de Niamey, il y a une inclinaison et surtout le maintien de l’ambassadeur à Niamey et le stationnement des 1 500 soldats tricolores.
1) «la France a décidé de ramener l’ambassadeur», a affirmé Macron. Il va rentrer d’ici quelques heures. Enfin, est-on tant de dire. Car le diplomate Sylvain Itté bunkerisé dans l’exterritorialité française à Niamey ne pouvait ni sortir, ni faire quoique ce soit, et même la visite d’autres diplomates était contrôlée avec parcimonie. A quoi bon maintenir un ambassadeur qui ne peut mener aucune activité, même si les autorités du pays ne sont pas reconnues par la France ? Décision sur le tard de la part de Macron, mais sage décision qui mettra d’ailleurs fin à une polémique extrapolée, et exploitée jusqu’à la corde. Sylvain Itté regagnera donc la France dans les prochaines heures, et c’est le clap de fin d’un bras de fer dans lequel à la longue, la France sortirait forcément perdante à tout le moins sans rien de palpable.
2) Le retour progressif des 1 500 soldats tricolores au bercail. Là aussi, Macron a rangé certaines convictions et certitudes dans les tiroirs pour daigner accepter, qu’à l’instar du Mali, si le Niger ne veut pas des militaires français, ils doivent faire leur paquetage.
«Nous ne sommes pas là pour être l’otage des putschistes», a encore lâché Macron hier sur CNews ! Vérité irréfragable, car les militaires étaient de fait devenus des otages et la France avec. Sporadiquement, des manifestations suscitées devant leur casernement, les itératives accusations de vouloir utiliser ces militaires pour participer à l’éventuelle intervention de la CEDEAO, sans oublier la rengaine que les soldats sont de collusion avec les terroristes … tout cela prendra fin. D’ici 2024, les militaires français au Niger, c’est fini.
A chaud, on peut dire que Macron met un terme à une bravade dans laquelle, c’est la France qui aura à perdre. Il coupe l’herbe sous les pieds des putschistes, qui ne manqueront de crier houra à la victoire, les pseudo-panafricanistes et ceux qui font des analyses pelliculaires, tout ce monde poussera des youyous que la France a été chassée du Niger. A la vérité, elle a fait le bon choix, tardivement d’ailleurs.
Maintenant, est-ce que cette option jupitérienne peut dérider la situation au Niger ? Est-ce que ça peut pacifier les relations France-Niger avec l’arrêt de toute coopération en vigueur ? Est-ce que cela peut améliorer les conditions de détention de Bazoum ? Et même impacter la posture de la CEDEAO qui pourrait abandonner la possible intervention ? Qu’en sera-t-il des sanctions qui frappent durement les Nigériens ?
Au-delà du fait aussi que le CNSP, et pas seulement, va dire que sous ses coups de boutoirs verbaux, la France part, que gagneront les putschistes en matière d’amélioration du quotidien des Nigériens, des capacités de combler le manque des aides budgétaires ? Du reste, le CNSP n’est toujours pas en bonne relation avec la France et l’UE en général, car non-reconnu. La France, ses militaires et son ambassadeur partiront, mais rien n’est vraiment réglé au Niger.
La REDACTION
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