L’après-IBK au Mali : Transition, l’introuvable mode d’emploi

L’après-IBK au Mali : Transition, l’introuvable mode d’emploi

Ni accord à minima, ni gentlemen agreement ! Rien ! Tout juste des propositions de part et d’autre entre les envoyés spéciaux de la CEDEAO conduits par Goodluck Jonathan et la junte qui a renversé le président malien le 18 août dernier.

C’est le fruit de 3 jours d’un âpre arbre à palabre à Bamako, pour gérer l’après-IBK qu’a concédé la CEDEAO, qui était dès le départ arc-boutée à une chimère : la remise au pouvoir de l’illustre reprouvé de Koulouba.

Comment gérer en temps et en personne, la période intérimaire, jusqu’à des élections pour un retour à une vie constitutionnelle normale ? C’est la grande équation que ne sont pas parvenus à résoudre les 2 camps qui ont pinaillé sur la durée de cet intérim, 3 ans, puis 2 ans proposés par les tombeurs d’IBK, 7 à 12 mois pour les émissaires de la CEDEAO ; mais également sur l’identité du président de la transition, un militaire pour les putschistes, un civil, ou un militaire à la retraite pour la CEDEAO. Le scénario de l’après-ATT, il y a 8 ans étant inapplicable dans le présent cas de figure.

Un nœud gordien qui n’a pas été tranché et dont les raisons se trouvent évidemment dans les calculs prospectivistes d’une junte qui n’entend pas avoir pris le pouvoir pour s’en aller allègrement comme ça.

Sans avoir fait sciences Po. mais ayant tiré une grande propédeutique des transitions nigérienne, centrafricaine et burkinabè par exemples, le quarteron de colonels, envisage tous les futurs possibles avec des options, des hypothèses et des faits pour amoindrir leur acte et se mouler peut-être dans la peau de militaires démocrates tels ATT au Mali, le défunt Ely Ould Vall de Mauritanie ou Salou Djibo du Niger. Et peut-être que pour cela, ils veulent le temps nécessaire pour nettoyer les écuries d’IBK, et faire rendre gorge à tous ces ripoux à col blanc, qui s’étaient agglutinés autour du président pour se remplir les poches.

D’où cette mise sur la table avec insistance de la levée des sanctions imposées par l’organisation sous-régionale. Une demande-requête, question pour la junte de gagner du temps, et de se faire davantage de sympathie au sein de compatriotes, dont beaucoup abhorrent ce retour de prétoriens à la tête de l’Etat.

On sent une junte très manœuvrière au détour des propos, de son porte-parole le colonel Ismaël Wagué qui met en avant «la souffrance des populations liée à ces sanctions». «Levez vos sanctions, et on verra après», tel est le message loin d’être subliminal de cette junte à l’endroit de la CEDEAO. Le temps que les putschistes se réunissent, une fois Goodluck Jonathan et Cie, partis, laquelle réunion portera sur celui qui gérera ce passage à vide, et le temps imparti pour cela.

Du coup, la CEDEAO se retrouve piégée par ces soldats, décidemment instruits par les exemples passés, une CEDEAO qui ne pourra demain 26 août 2020, lors de son deuxième sommet par visioconférence post-IBK, que lever ces sanctions, en espérant que les militaires feront toujours preuve d’ouverture d’esprit et de compréhension.

Mais en même temps, la CEDEAO devra être sur ses gardes, car si ce coup d’Etat a été jugé comme le moindre mal et finalement accepté par la Communauté internationale et les Maliens, des militaires africains qui avaient pris le pouvoir par les armes, ont été par la suite divisés, certains estimant qu’ils peuvent faire tomber le treillis et se faire adouber par les isoloirs.

Au Niger, un des seconds de Salou Djibo a voulu pousser ce dernier à rester, au Mali, ATT par une passe envers Konaré, a pu revenir par les urnes, en Guinée, Dadis Camara a eu la tentation de Sekoutoureya. On peut multiplier les exemples à l’envi. D’où une vigilance sur les moindres détails face aux nouveaux maîtres de Bamako qui sont loin d’être «des pieds nikélés de Kati» comme ont qualifié un diplomate européen, leurs devanciers putschistes de 2012. Assimi Goïta et les siens savent à l’évidence où ils vont.

Sam Chris

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