L’armée malienne à Kidal :  Lueur d’espoir pour la présidentielle ?

L’armée malienne à Kidal : Lueur d’espoir pour la présidentielle ?

En 2012, l’armée malienne quittait le nord du Mali, presque sans arme et sans bagages, dans une débandade généralisée, laissant le champ de bataille, terres, femmes, hommes et enfants entre les mains de fanatiques sans boussole. Ces derniers y ont depuis établir leurs quartiers, les partageant bon gré mal gré avec des groupes armés qui disent ne pas être de la même famille qu’eux, même s’ils contribuent de faire à garder l’armée malienne loin de cette partie du territoire.

L’accord d’Alger est venu apporter un souffle d’espoir à l’orgueil et à la dignité d’un grand Mali grabataire, qui a mal à sa souveraineté et à son unifiées, douloureusement scarifiées par le staccato fratricide des armes. Mais il aura fallu trois ans avant que les lettres couchées sur du papier blanc ne trouvent un répondant dans la réalité des dunes de sable du Nord Mali.

Dans la nuit de jeudi 3 à vendredi 4 mai 2018, un détachement de l’armée régulière malienne est arrivé à Kidal. Mais il n’y est pas arrivé en maître des lieux, mais en « invité » qui a été escorté par les forces internationales, puis placé dans le camp qu’il avait fui il y a presque six années de cela. L’objet de leur présence, intégrer le MOC, Mécanisme opérationnel de coordination.

Pour rafraîchir quelque peu les mémoires, le MOC est inscrit dans l’accord d’Alger. Sa mission est d’arriver à mettre sur pied une équipe tripartite composée des militaires « normaux » et de deux sections rivales des groupes armés qui écument le nord du Mali : les combattants des mouvements de l’Azawad et ceux affirment se battre pour l’intérêt gouvernement, formés notamment par le Gatia.

L’idée est de réussir à les transformer en véritables « frères d’armes » qui vont patrouiller dans la zone et s’en prendre à tous ceux qui voudraient s’en prendre à la quiétude de la région, notamment les « indésirables», ceux qui sont affublés du lexique « djihadistes » ou « terroristes ». La conclusion de toute cette procédure est d’atterrir avec douceur et tact sur le tarmac du processus Désarmement démobilisation et réinsertion, présenté comme étant la dernière étape vers un retour définitif de l’armée malienne, désormais composée de toutes les filles et les fils du Mali dans cette portion de territoire ponctionnée au forceps par la mitraille des mitrailleuses et les dents acérées de la violence.

Il reste à espérer que cet assemblage ne rencontre pas de couac, qu’aucune graine des dunes de sable ne soit soulevée par un vent aux visées sataniques pour venir s’insérer dans les rouages de cette mécanique complexe. Car, l’arrivée du détachement militaire de l’armée malienne a du même coup allumé la mèche de la bougie de l’espoir pour la présidentielle prochaine au Mali, sachant que la mainmise des groupes armés sur cette partie du territoire gorgée par les torrents de l’insécurité interrogeait la réussite du scrutin.

Cette bougie éclaire faiblement la probabilité que tous les Maliens puissent exprimer leur droit de vote dans les prochaines semaines. Certes. Mais il suffit d’une bouffée d’oxygène soufflée par un démarrage efficace de la mécanique du MOC pour éloigner les ténèbres des sombres supputations.

Ahmed BAMBARA

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