Le Burkina peint en rouge par le Quai d’Orsay : Les couleurs de l’échec de Pau et Cie ?

Le Burkina peint en rouge par le Quai d’Orsay : Les couleurs de l’échec de Pau et Cie ?

Si la diplomatie est une chorégraphie du camouflage, des non-dits, des pokers menteurs et autres métaphores, elle peut aussi être directe, sans langue de bois. C’est ce que vient de lâcher le Quai d’Orsay français à l’égard des pays du Sahel : les zones frontalières du Ghana et de la Côte d’Ivoire avec le Mali, la quasi-totalité du Niger, et aussi du Burkina, sont en rouge, c’est-à-dire très dangereuses, et déréchef très déconseillées aux voyageurs, en particulier hexagonaux.

L’actualisation de la carte sécuritaire du ministère des Affaires français, qui met en rouge, les villes de Pô, Léo, Wessa, Nazinga, et celles de Ouahigouya et de Kaya, Doussa, Banfora, Niangologo et ce, depuis le 15 août dernier, est l’aboutissement d’un constat : le Nord et Centre-Nord (Ouahigouya et Kaya) dont des pans ont été taillés par les terroristes, est en passe d’être insécurisé. Le Sud-Ouest (Banfora, Niangologo), le Centre-Sud (Pô) et le Centre-Ouest (Léo, Wessa) sont en train de basculer dans le giron des assaillants de l’ombre dont les tueries envers les civils au Burkina ces derniers mois, donnent la chair de poule et révoltent.

Ouagadougou et Bobo-Dioulasso capitales politique et économique, marinent toujours dans l’orange, autant dire que tout comme le Niger, le Burkina Faso est devenus un pays où il y a péril terroriste partout.

Ce n’est pas nouveau, cette élévation de niveau d’insécurité pour le Burkina, car le 20 novembre 2019 le même ministère des Affaires avait habillé le pays des hommes intègres en couleur sang. On sait que la Grande-Bretagne avait fait pareillement concernant les zones septentrionales burkinabè.

En coloriant le Burkina de la couleur pourpre, la France signifie qu’au Sahel en dépit de la hardiesse de Barkhane avec ses 5 100 hommes dont la Task Force est en branle, mais attend toujours la rescousse de 11 pays européens, depuis le sommet de Pau, malgré la poussive Force G5-Sahel, plombée par des questions de trésorerie, et l’aguerrissement des forces de défense de ces pays concernés, malgré les embellies engrangées, les forces du mal, obscurantistes prennent de l’ascendance sur le terrain. Sans doute, la tuerie des 6 humanitaires français et leurs 2 compagnons nigériens le 9 août dernier dans le parc de Kouré au Niger et le rapt et l’assassinat de l’imam de Djibo Souaïbou Cissé le 15 août dernier au Burkina, ont contribué à faire monter ce mercure sécuritaire.

Pau, post-Pau I et II n’ont véritablement pas apporté les répliques idoines, car des centaines de Forces spéciales attendues, la France n’a enregistré qu’une trentaine d’Estoniens, venus en personnel d’appui logistique à Barkhane.

Et avec cette carte burkinabè peinte en rouge, reviennent les propos lucides et martiales du général Lecointre chef d’état-major général des armées françaises qui n’a jamais arrêté de cultiver un pessimisme noir mais réalistes avec le recul et l’existant sécuritaire, quant aux différentes ripostes déployées au Sahel contre les djihadistes et terroristes. «A la mi-2014, la menace terroristes était résiduelle, à la portée des Etats de la région … Actuellement, cette menace est descendue vers le Sud du Mali, la boucle du Niger, puis dans l’ensemble du Liptako, avant d’atteindre le Niger et le Nord du Burkina, la frontière entre le Burkina Faso et la Côte d’ivoire ainsi que celle entre le Burkina Faso et le Ghana …», a-t-il martelé en mars dernier.

Et pour le CEMA français, mobilisation rapide, avec effectifs importants juchés sur des motos, attaque d’objectifs à forte valeur ajoutée sont la marque de fabrique de ces terroristes qui écument le Sahel, et dont l’objectif est la formation d’un califat territorial.

Alors si ce classement de la diplomatie française sur le Burkina va faire des gorges chaudes et des grincements de dents (comme cela a été le cas au Niger), les Burkinabè seraient pourtant bien inspirés de ne pas tomber dans des réactions épidermiques et des comportements repoussoirs ni de jouer à la politique de l’Autruche, mais de prendre cette alerte au sérieux, réajuster les différents aspects de guerre et redoubler encore d’effort.

A 3 mois et demi des élections pour le Burkina et à 5 mois pour le Niger, cette couleur rouge vient signaler que ces présidentielles et législatives se profilent dans un contexte à haut risque, situation qui interpelle les gouvernements, qui devront au-delà des calendriers électoraux des CENI qui tiennent techniquement la route, au-delà des CENI qui sont prêtes, sécuriser les électeurs, les urnes, le matériel électoral… On vous l’a dit, cette guerre asymétrique sera chronophage et essorante !

Sam Chris

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