Le Gabon post-Bongo : Le général Oligui fait  quoi de l’après ?

Le Gabon post-Bongo : Le général Oligui fait  quoi de l’après ?

On parle déjà de l’après-Bongo, et c’est ainsi qu’on est passé à l’ère du général Brice Oligui Nguema, homme du sérail, promu sous Bongo-père, puis sous le fils, ayant connu sa traversée du désert, avant la grâce de nouveau en 2019. Le voilà maître de ce petit pays de l’Afrique centrale, lequel avec rien que le pétrole, aurait pu être un petit émirat noir dans cette forêt luxuriante.

Surtout avec une démographie faible, les investissements, la répartition des richesses, les grandes réalisations, bref, la vision des dirigeants aurait pu faire de ce Gabon un Koweit africain ! Hélas non et si pendant l’interminable règne de Bongo-père, on a fermé les yeux (c’était une autre époque) sous le jeune légataire Ali, les revendications se sont accentuées, surtout que l’après pétrole pointe le bout de son museau. Et bien qu’il soit du premier cercle de l’ex-pouvoir, et qu’il  ait eu accès aux différents privilèges, les sources concordantes parlent d’un général-crésus qui possède d’immenses biens immobiliers et des comptes à 9 chiffres, bien qu’il soit conscient qu’il sera parmi les derniers à manger la vache enragée en cas de pépin, il sait que ses compatriotes vivent dans des conditions précaires. Etat rentier qui vécut d’abord sur le bois avant que le manganèse et surtout le pétrole ne prennent le relai, le pouvoir d’achat moyen du Gabonais est supérieur aux autres Africains au Sud du Sahara.

Représentant au début 60% du PIB (37e producteur mondial en 2012) l’extraction des hydrocarbures s’est ralentie, pour se tasser, impactant du coup les rares investissements infrastructurels. Seulement, 20% des routes bitumées, et même si c’est 20% sont empruntés par 80% de la population, il y a un sérieux problème de désenclavement au Gabon. Car face à la forêt, à la végétation, le transport demeure un parcours du combattant dans ce pays où l’or noir aurait dû servir à s’en prémunir par des routes et ponts solides.

Le secteur agricole et celui de bois représentent 8% du PIB. Du reste, pétrole, mines et bois constituent 99% des exportations gabonaises, lesquelles ont subi les contrecoups issus du secteur pétrolier.

Voici autant de travaux d’Hercule qu’il prend comme héritage, le général Oligui. Et si ses frères d’armes et les populations l’ont adoubé ce 30 août 2023, c’est bien sûr pour avoir mis fin à une monarchie qui ne dit pas son nom. Et d’avoir aussi empêché un hold-up électoral. D’ailleurs, l’opposition demande de terminer le décompte des voix. Autrement dit de proclamer Albert Ondo Ossa vainqueur. Vaine objurgation car on voit mal comment les militaires vont laché le pouvoir. Mais au délà, c’est que les Gabonais espèrent un changement positif dans leur quotidien. Cas des jeunes, avec une incidence de pauvreté estimée à 33,4% le taux de chômage pointe à 29% en 2021, avec 60% au niveau de la jeunesse.

L’employabilité sera un chantier titanesque pour cette Transition. Et le CTRI devra s’atteler à corriger les inégalités sociales, érigées en règle. Le Gabon est classé 112e sur 191 pour l’indice de développement humain du PNUD.

La mortalité infantile est de 51 décès pour 1 000. Des problèmes socio-économiques qui font que le Gabon nage en plein paradoxe : son PIB fait qu’il est membre  des Pays à revenus intermédiaires (PRI) avec un pied dans les Pays les moins avancés (PMA). Autant de défis qui attendent le président de la Transition qui se drapera de pourpre et d’hermine ce lundi 4 septembre devant la Cour constitutionnelle, rétablie opportunément hier 31 août, tout comme le sera progressivement les maillons du puzzle transitionnel.

Suspendu par l’UA et condamné par la Communauté internationale, le CTRI devra dérouler rapidement un calendrier et le processus d’un retour à l’Etat de droit. Que sera l’après-Bongo ? Et que fera le général Oligui qui devient calife à la place du calife ? Avec aussi comme legs un 2 Gabon, ceux d’en «haut» et surtout ceux d’en «bas» qu’il faudra contenter par l’établissement d’une justice sociale !  Prendre le pouvoir devient facile, à l’heure des putschs 2.0  le gérer et faire le bonheur des citoyens l’est moins.

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR