Sacre brejnevien pour le général-président Oligui N’Guema!
Un scrutin censé mettre fin à la parenthèse et à la parentèle au Gabon, c’est le chuchotement de comice qu’on donne à la présidentielle de ce samedi 12 avril 2025, surtout avec un score des timoniers russes de la guerre froide : (90,35%) crédité hier au président sortant Oligui. 850 000 électeurs devraient glisser leurs bulletins dans les urnes et ont départagé 2 candidats, pardon 8 candidats au poste de la magistrature suprême. Entre inspecteurs des Impôts, hommes d’affaires, ex-premier ministre et général-président-candidat, les résultats des dépouillements ont porté sur l’homme du 30-Août, Clotaire Oligui N’Guema. L’ancien chef de gouvernement, sous Bongo-fils Claude Bilie-By Nze son challenger se coltine 3 % et les 7 autres moins de 1%. C’est un plébiscite total !
Il faut saluer le déroulement du scrutin, sans couacs majeurs, la présence d’observateurs nationaux, et de missions étrangères telles que les USA, la CEAC, l’UA, la Grande Bretagne, la Francophonie, sauf l’UE. D’aucuns diraient même que pour ce coup-ci au Gabon, les observateurs dépassent le corps électoral, pour marquer leur nombre pléthorique pour surveiller un petit territoire et moins d’un million d’électeurs.
D’ailleurs, depuis hier, les plus de 90,35% qu’on donne à Oligui, montre que les choses sont allées vite. Victoire sans coup férir ou plutôt plébiscite de celui qui a revêtu depuis 19 mois les oripeaux de Terminator de 60 ans de Bongoïsme, et qui a rallié sur son nom, ex-partis au pouvoir, opposants et société civile !
L’angle original de ce scrutin pas propre au Gabon demeure donc le ralliement du PDG au tombeur d’Ali Bongo Ondimba. L’ex-parti présidentiel, fondé en 1968 par le pater familia, Omar Bongo a fait bloc derrière le militaire-candidat qui a renversé son champion il y a 19 mois ! En Afrique, nul ne veut être opposant synonyme de tracas, de privations et de diète financière. Faut-il en rire ou en pleurer ?
Et si Brice Clotaire Oligui n’a pas eu de peine à emporter l’adhésion de l’ancien parti dominant, c’est qu’il incarne le héraut qui a mis un terme à un système, au règne d’un clan lequel durant 60 ans n’a pas pu faire bouger les lignes en matière de santé, d’éducation et surtout d’infrastructures routières, et énergétiques au Gabon.
Il apparaît comme l’homme providentiel venu sauver les Gabonais d’un perpétuel naufrage qui avait pris les allures d’une fatalité. C’est quasiment un adoubement avec cette victoire nette et ce taux de participation 70,40% et ce KO debout qu’il a administré aux 7 autres, ou plus exactement au dernier premier ministre d’Ali, Claude Bilie-By Nze lequel bizarrement a fait campagne sur la rupture d’avec le système qui l’a généré. Il grappille 3%.
Cette victoire a le goût d’une revanche personnelle, car Oligui fut, il y a quelques années de cela, relégué au rang d’attaché militaire au Maroc, puis au Sénégal, lui qui a été aide de camp de Bongo-père et chef de la garde présidentielle de Bongo-fils. Une traversée du désert qui lui était restée au travers de la gorge ! Hier intérieurement, il buvait son petit lait.
Toujours très populaire, du fait d’avoir été celui qui a arrêté un règne quasi-monarchique, le vainqueur n’incarne pourtant pas la rupture, non seulement parce qu’il faisait partie de la moule ancienne, mais sa campagne électorale faite de giga-meetings, de rassemblements festifs avec les moyens de l’Etat ne sont pas sans rappeler ceux des Bongo. On ne se refait pas quand on a nagé dans une matrice politique durant des décennies.
Et même si les 7 autres donc Bilie-By Nze n’ont pas démérité, Oligui est le moins mauvais des candidats, car il a arrêté la dérive d’un système, il reste militaire et a le pouvoir qu’il a pris par les armes le 30 août 2024 !
La REDACTION
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