Plus que 18 jours, il aurait bouclé ses deux années piles de captivité au Sahel. Lui, c’est Olivier Dubois, le journaliste du Point, Libération et de Jeune Afrique, enlevé le 8 avril 2021 par un groupe de terroristes affilié à Al-Qaida. 711 jours aux mains de ses ravisseurs, voilà le temps de privation de la liberté, de hantise, de souffrance, qu’aura enduré notre confrère Olivier Dubois.
Hier, il est arrivé à l’aéroport Diori Hamani de Niamey (Niger) fatigué, mais apparemment bon pied, bon œil : «Je me sens fatigué, mais je vais bien… C’est énorme pour moi d’être là, d’être libre. Je voulais rendre hommage au Niger pour son savoir-faire dans cette mission délicate et rendre hommage à la France et à tous ceux qui m’ont permis d’être là aujourd’hui».
Premiers sentiments de l’ex-prisonnier des terroristes.
«Olivier Dubois est libre», a twitté Emmanuel Macron, repris en échos par RSF par la voix de son secrétaire général, Christophe Deloire qui parle de «nouvelles rassurantes reçues à plusieurs reprises, mais la durée de sa captivité inquiétait», RSF remercie par ailleurs les autorités françaises, et le Niger qui n’ont ménagé aucun effort pour que Olivier Dubois respire enfin l’air de la liberté. Il a été libéré en même temps que l’humanitaire américain Jeffrey Woodke enlevé lui en octobre 2016 au Niger, et remis aux autorités américaines hier lundi 20 mars. Il faut se féliciter du dénouement d’un tel enlèvement car depuis la série des rapts qui ont jonché la première décade de l’après 2000, tout ne s’est pas toujours terminé aussi bien.
Il y a eu des moments où certains otages ont été exécutés, il y en a qui ont été libérés contre de fortes rançons, il y a d’autres qu’on a échangé contre des terroristes. Enfin, il y a eu également des tentatives de libération par la force qui se sont souvent terminées en demi-teinte, soit les otages ont été libérés mais un ou des libérateurs ont perdu la vie ou sont blessés, soit certains otages ont été tués.
En ce qui concerne Olivier Dubois, rien n’a filtré sur les conditions de son élargissement, mais le captif français, le plus long après celui du Liban, doit cette liberté au Niger et à la France. Grâce à la hardiesse des Nigériens, aux renseignements américains et au tact des Français, il a été libéré et héliporté depuis Gao où il était détenu jusqu’à Niamey. C’est dire encore que c’est la mutualisation d’efforts qui ont produit ce résultat.
Et quand des terroristes libèrent un prisonnier français, de surcroit un homme de médias, surtout si ce groupe est le GSIM, il y a bien des raisons à cette mansuétude. Le GSIM est-il en posture d’une main tendue au Sahel ? On a vu un Iyad Ag Ghaly son patron recevoir l’allégeance de groupes terroristes, discuter avec des envoyés de la CMA et du GATIA… Vers un armistice des braves ? Pourquoi les hommes de Iyad Ag Ghali ont finalement libéré Olivier Dubois ? Le GSIM est-il disposé à dialoguer avec le Mali, le Niger et le Burkina, lui qui sévit dans ces 3 pays et qui est en butte avec les hommes de l’EIGS d’Al-Sahraoui ?
Diverses sources concordantes estiment qu’il y a bien des motifs d’explorer cette piste, qu’un chef d’Etat comme celui du Niger Mohamed Bazoum ne dédaigne pas via des chefs de villages, gourou religieux, chefs de clans…Le 13 mars dernier, l’ex-chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé a prôné à Doha aussi, le dialogue avec les terroristes, lors du Qatar Security Forum 2023. De la part de ce dernier, ce ne sont pas des paroles en l’air.
Diner et discuter avec le diable tout en se munissant d’une longue cuillère, cela pourrait aider à pacifier certains fronts. Tout en continuant à guerroyer avec les terroristes enragés, ceux-là qui ne comprennent que le langage de la canonnière…
La REDACTION
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