Le ministre malien de la Réconciliation à Moura : Frilosité et inopportunité suspectes

Le ministre malien de la Réconciliation à Moura : Frilosité et inopportunité suspectes

Alors que l’enquête militaire sur les massacres, survenus entre le 23 et le 31 mars dans le village de Moura, au Centre du Mali a débuté, les autorités maliennes semblent multiplier les pare-feux, question d’empêcher toute autre enquête indépendante et crédible.

C’est ainsi qu’après le Tribunal militaire, la junte malienne a dépêché à Moura le samedi 8 avril 2022 son ex-numéro 2, le colonel Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale accompagné de celui chargé des Affaires humanitaires, l’imam Oumarou Diarra, et du colonel Mamadou Massaoulé Samaké, chargé des opérations de la zone.

Officiellement, ce séjour du colonel Wagué avait pour objectif d’affirmer la présence de l’Etat à Moura et de montrer aux citoyens de ce village meurtri qu’ils sont des Maliens à part entière. Enfin, le gouvernement a recueilli la préoccupation des uns et des autres, et a été un bon samaritain pour la circonstance, distribuant vivres et nattes.

Une telle visite s’inscrit dans le cours normal de la gestion d’un Etat, sauf qu’à Moura il s’est passé des choses gravissimes et vilaines. Selon diverses sources, entre 200 et 300 personnes auraient péri, par suite d’exactions des FAMa. Vrai ou faux ? la polémique et les dénégations fusent, sans qu’on ne puisse savoir exactement ce qui s’est réellement passé.

Ce qui chiffonne sur le cas de Moura, c’est que la Transition multiplie la présence de ses émissaires (Tribunal militaire, ministre), mais refuse obstinément, l’enquête que la MINUSMA veut diligenter pour que tout le monde ait le cœur net.

Eu égard à cette posture donc, il ne s’agit ni plus, ni moins qu’une frilosité qui cache mal une non-assurance quant à la véracité des faits. Si les FAMa n’ont pas commis de bavures, pourquoi refuser une enquête impartiale de la MINUSMA ? Pourquoi, l’armée est-elle juge et partie à la fois dans cette affaire ? Car ce sont les FAMa qui sont mises à l’index à Moura, alors bien qu’il s’agisse d’un dossier militaire, qui relève du Tribunal militaire, et vu le contexte actuel au Mali, il aurait fallu pour la Transition qu’une entité extérieure, en l’occurrence, la MINUSMA, mène une enquête, qui pourrait être une contre-enquête de celle de l’armée pour situer les responsabilités.

Visite donc empreinte de frilosité et inopportune pour le colonel Wagué, même si elle  aurait été normale, en l’absence du halo de mystère qui entoure ces massacres de Moura.

Décidemment, est-on tenté de dire, Moura semble devenir un casse-tête pour la Transition et plus, elle renâcle à ce qu’on voit clair dedans, plus  la suspicion enflera davantage.

La REDACTION

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