Le Sahel face au terrorisme : La canonnière ou le dialogue ?

Le Sahel face au terrorisme : La canonnière ou le dialogue ?

* Burkina 

 Silgadji, entre 10 et 50 tués dans un marché, ce 25 janvier 2020, Arbinda, 42 massacrés dont 31 femmes le 24 décembre 2019.

* Mali 

Diougani, 7 soldats tués le 22 janvier 2020, 4 jours plus tard, à Sokolo, 20 gendarmes étaient assassinés.

*Niger 

 Inates, hécatombe au camp militaire avec 71 tués, le 10 décembre 2019 et un mois plus tard 89 frères d’armes tués à Chinagodar.

Dis-moi quelle est la couleur de ton tableau de bord sécuritaire (rouge, orange ou vert) dans l’espace G5 Sahel et je te dirai quelle approche locale tu appliques dans la lutte contre le terrorisme.

L’aparté de Pau le 16 janvier 2020, entre Emmanuel Macron et les 5 chefs d’Etat du Sahel a fait clairement l’option militaire en particulier dans le col des 3 frontières. Là, dans le Gourma, la Force coalisée Barkhane-G5, fera la guerre à la katiba se réclamant de l’EI, et les forces nationales, elles tenteront de circonscrire tous les coins et recoins où les terroristes sèment la mort et la désolation.

Même si Pau n’a pas explicitement rejeté d’autres solutions éventuelles, pour pacifier cette bande sahélo-saharienne, le primat de la guerre l’emporte sur le reste.

Sauf que sur le terrain et à la lueur des attaques perpétrées de décembre 2019 à fin janvier 2020, on aura remarqué une certaine montée en cran des terroristes, bémolisée par les répliques de Barkhane et des armées nationales, qui clairsement leurs rangs, mais qui n’en turlupinent pas moins les esprits de monsieur-tout-le-monde à certains de «en hauts», quant aux méthodes pour parvenir au silence des armes et des  mines.

En effet, selon qu’on est au Burkina, au Mali, au Niger ou en Mauritanie et au Tchad, le niveau d’insécurité varie, et déréchef la posture de lutte adoptée.

Ainsi depuis 3 mois, dans les premiers pays cités  plus haut, pas une semaine, voire moins sans que des balles assassines ou des mines félones ne tuent militaires et  civils. Détail non négligeable, si les attaques des camps de soldats sont revendiquées, celles contre les civils sont «muettes» ou souvent, les terroristes s’en lavent les mains, tel fut le cas d’Arbinda, œuvre d’Al Saharoui qui ne reconnaît pas cependant la mort des 35 civils, tout en s’octroyant celle des 7 militaires.

A dire vrai, si au Mali et au Niger ou d’ailleurs mis à part les exactions intercommunautaires les attaques visent souvent des QG militaires, les civils étant relativement épargnés, au Burkina, les assaillants retournent désormais leurs armes contre des pauvres hères qui n’ont souvent que leur misère comme viatique.

Qu’ont fait ces hommes de Barsalgho et de Silgadji, venus au marché, qui pour vendre sa chèvre, son mouton ou ses poulets, afin de s’acheter quelques victuailles, qui pour siroter son dolo (boisson alcoolisée locale à base de mil rouge), qui pour vendre ses poteries, qu’ont fait tous ces gens pour mériter pareil sort ?

A coup sûr, ils ne font pas de politique et certains ignorent même le nom du président du Faso, ils ne savent pas grand-chose des idéologies des djihadistes ou sont ‘’ bleu’’ sur la définition d’un califat. Alors, pourquoi s’en prendre à des civils, et même quelquefois à des femmes ?

Dans cette guerre indiscriminée, seuls le Burkina, le Mali et le Niger sont très touchés. Le Tchad est en butte à Boko Haram et aux rebelles qui en veulent au fauteuil de Déby. La Mauritanie, elle a réglé le problème terroriste depuis 10 ans, et Sokolo, attaqué ce 20 janvier est distant de 100 kilomètres de sa frontière qu’on devine bien verrouillée.

A preuve, le train du Sahel qui relie Zouerate-Nouadhibou, déserté par les touristes siffle à nouveau depuis quelques années. Dans cette insécurité à géométrie variable, les positions des chefs d’Etat du G5-Sahel relative aux terroristes est contrastée, voire contraire en apparence en tout cas.

Si le Malien IBK et le Burkinabè Roch Kaboré sont arc-boutés à un non-dialogue avec ces derniers, on sent une flexion chez le premier depuis quelques mois, avec le dialogue  noué par son haut représentant au centre Diocounda Traoré avec Amadou Koufa, alors que le président du Faso, reste intransigeant sur cette question. La Mauritanie peut à la limite prodiguer des conseils, mais n’est pas concerné, alors que le «Warrior» en chef tchadien est aussi concerné mais par translation.

Alors dans ce G5-Sahel ou le terrain diffère selon qu’on est à Ouaga, Bamako ou Nouakchott, il va falloir aussi parler d’une même voix, quant aux éventuelles négociations avec Iyad Ag Ghali et autre Amadou Koufa.

Car aller en rang dispersé à ce dialogue pour la paix, c’est ragaillardir les Katibas. Au demeurant, au moment où on discute avec le parrain du GSIM, c’est son mouvement qui annonce qu’il est l’auteur de la mort des 20 gendarmes de Sokolo.

Alors le G5-Sahel a-t-il choisi pour la canonnière ou la négociation ? Ou va-t-il slalomer entre les deux ? Mais est-ce la position commune à IBK, Roch, Issoufou, Déby et Gazouani ? Une stratégie commune s’impose, surtout que les éléments de Takuba peuvent pourchasser n’importe quel terroriste sur le territoire des 5 pays. Si dialogue il y a, il doit être unitaire.

Sam Chris

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