Lorsque le 11 septembre 2019, dans un grand oral télévisuel Paul Biya annonçait, un arbre à palabre inter-camerounais pour la fin du mois, consacré à la crise dans les zones anglophones, scepticisme, refus, voire ricanements ont accueilli, cette main tendue, de celui qui s’est fait élire récemment pour un 7e bail.
Pourtant pour mitigé qu’il soit, le grand dialogue national tenu du 30 septembre au 4 octobre fit bouger des lignes, conduit pour cela par un ressortissant de la zone anglophone, le premier ministre Joseph Dion Ngute.
Si des partis ou syndicats se sont montrés réservés face aux conclusions de cet agora chahuté, l’instauration de cet échange sur les indépendantistes anglophones aura permis au président Biya de reprendre un tant soit peu la main.
Coup sur coup, il dérida la situation en élargissant des prisonniers liés aux questions politiques, y compris son challenger Maurice Kamto, qui s’est piqué de revendiquer la victoire de la présidentielle.
Certes, les 16 leaders autonomistes anglophones emprisonnés ont trouvé ces mesures d’apaisement insuffisantes, mais, c’était des gestes qui ont compté.
Voici qu’à peine plus d’un mois après ce dialogue, Paul Biya convoque le corps électoral camerounais pour le 9 février 2020, afin d’élire les députés et les conseillers municipaux. Soit 6 ans après les dernières législatives et municipales, et deux reports, ce n’est pas trop tôt !
Le Social democratic front (SDF), le principal parti d’opposition avec 18 députés et 7 sénateurs, qui avait accueilli avec mou le grand dialogue, s’est dit d’ores et déjà partant pour ces échéances électorales.
Et c’est le chairman en personne John Fru Ndi qui a momentanément abandonné ses habits de gentleman-farmer qu’il est devenu depuis plusieurs années, pour inviter ses députés, maires et membres à jour de leurs cotisations à être présents à ces élections de février. Joshua Osih l’actuel patron du SDF ne peut qu’exécuter.
Il reste à attendre la position du MRC de Maurice Kamto, un Kamto qui était bien présent aux côtés des autorités aux hommages rendus aux victimes de la catastrophe naturelle de Bafoussam…
Et à ce stade, on ne peut que se poser la question de savoir : jusqu’où opérera le charme de Paul Biya ?
Est-ce une ouverture politique pour l’octogénaire, qui bien que reconduit à la dernière présidentielle, sait qu’il lui faudra faire des concessions politiques, organiser ou au moins préparer sa succession, tout en désamorçant la bombe ambazonienne ? Que cachent toutes ces actions, de celui qui bien qu’il règne sur le Cameroun depuis 32 ans, demeure ce que d’aucuns nomment l’inconnu du palais d’Etoudi ?
La REDACTION
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