Législatives au Mali : Un second tour en mode corona-sécuritaire

Législatives au Mali : Un second tour en mode corona-sécuritaire

Tel quelqu’un qui a entamé une tache et qui veut la terminer proprement, les autorités maliennes ont tenu, hier 19 avril le second round des législatives après le 1er tour du 20 mars. Si le pouvoir malien pouvait faire preuve de la même opiniâtreté, de la même détermination face au terrorisme comme c’est le cas de ces législatives on aurait applaudi à tout rompre.

Tout comme le 1er tour, ce second est marqué de la double empreinte noire de l’insécurité et du coronavirus. Le 20 mars dernier, outre l’absence des masques, de gel chloroalcoolique, les autres gestes-barrières étaient royalement ignorés, et on dénombrait à peine une dizaine de malades et 1 décès sans compter le rapt du chef de file de l’Opposition Soumaïla Cissé, intervenu le 25 mars pendant la campagne électorale. Hier 19 avril on était à plus de 200 cas et une quinzaine de décès.

Afin donc d’élire les 125 députés restants sur les 147 à ce second tour, le Mali a tenu ces votations en pleine pandémie du Covid-19.

«Toutes les mesures-barrières ont été prises», a martelé Boubacar Alpha Bah, le ministre de l’Administration territoriale, citant plusieurs de celles-ci qui seront devant les urnes, et manifestant de la confiance totale quant à la bonne tenue de ces élections, dans la sécurité sanitaire. CQFD : ce qu’il faut démontrer !

C’est donc fait. Mais comme au 1er tour, l’électorat ne s’est pas bousculé devant les bureaux de vote.

Reporter les législatives pour la 3e fois et tomber dans l’illégalité ou les tenir dans cette atmosphère de pandémie et d’insécurité ? IBK, le président malien n’a pas transigé et a opté pour le vote. Quitte à ce que ce second tour ne se déroule pas au Centre et au Nord du pays dans la quasi-totalité des bureaux de vote, pour la simple raison que ceux-ci étaient fermés. Bien que des kits sanitaires soient mieux étoffés au Centre tel que Mopti, les électeurs ont préféré se barricader chez eux pour se prémunir contre les 2 ennemis mortels: l’invisible qui est le coronavirus, et le visible le terroriste !

Que les élections se soient déroulées dans le calme n’enlèvent en rien les 2 enjeux qui les marqueront comme un sceau de malédiction : le taux d’abstention et l’insécurité et Covid-19. Bien sûr, il y a déjà la guéguerre pouvoir-opposition sur les achats de voix, les fraudes, … mais, sans doute, les Maliens et le monde entier ont-ils les yeux rivés sur le nombre d’électeurs restés à la maison, et surtout la peur d’une explosion du nombre de contaminés du Covid-19 après ce comice électoral.

Le Mali aura ses députés fraîchement élus, son armature institutionnelle sera désormais entière, mais à quel prix ! Le choix de députés légaux vaut-il la mise entre parenthèses de mesures mondialement édictées pour lutter contre une pandémie sans prophylaxie pour le moment, sauf celles anti-contagion ?

Historiquement quelle que soit l’évolution du Covid-19 au Mali, avec la tenue du 1er et 2e tour des législatives, le pouvoir actuel aura à assumer tout ce qui pourrait advenir. C’est ça la redevabilité en politique.

 Sam Chris

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