Législatives au Togo :Comment conjurer le signe indien ce 20 décembre ?

Législatives au Togo :Comment conjurer le signe indien ce 20 décembre ?

Qui a tué le petitIdrissou Moufidou ce 6 décembre 2018 au Togo lors de la manifestation desopposants ? La réponse à cette question ne trouvera sans doute pas de réponse.Elle se noiera dans la nuée de tensions, de débats et de bras de fer quiconvergent vers le 20 décembre 2018, date prévue pour les élections législatives.‘’Non’’ à la composition de la présente CENI, ‘’oui’’ à des réformesinstitutionnelles et constitutionnelles avant des élections, et derechefboycott des législatives, voilà le tableau politique du Togo, ces derniersjours.

Après des chassés-croisés diplomatiques, et bien des efforts des deux médiateurs de luxe de la CEDEAO, Alpha Condé et Akufo-Nana, un agenda avait été arrêté, lequel timing se heurte aujourd’hui, à une revendication principielle et non négociable de 14 partis politiques : sans les réformes ci-dessus indiquées, ils seront aux abonnés absents aux députations. Cette feuille de route de la CEDEAO, qui devrait en principe faire en sorte que les Togolais parlent le même langage, est au contraire en train de cristalliser les positions et surtout, de faire davantage de morts.

De ce fait, une partie des opposants la plus représentative est foncièrement opposée à la tenue du scrutin à cette date, arguant d’arguments qui ne plaident pas pour la fiabilité de l’élection et des acteurs qui vont l’organiser. Freinant des quatre fers, elle a lancé cette contre-campagne cependant interdite par les autorités et qui a abouti à une répression ce samedi, faisant deux morts, dont un enfant. Un petit mécanicien qui ne participait pas à cette manifestation et qui a vu sa vie être fauchée à un si jeune âge, pour des raisons dont il ne maîtrise certainement pas les contours, les tenants et les aboutissants. Et comme toujours, les responsables de cette forfaiture ne se déclarent pas. Les opposants affirment que ce sont les forces de l’ordre. Le gouvernement clame que ce sont des individus inconnus, armés, qui ont tiré sur le gamin avant de s’engouffrer dans un véhicule et se fondre dans la nature. Et voici des parents du jeune enfant qui seront dans la tourmente et le désarroi.

Tout comme les facilitateurs de cette crise togolaise. Assurément, Alpha Condé et Nana Akufo-Addo doivent être dans une zone pleine de points d’interrogation. A 10 jours du scrutin électoral, ils ne savent certainement plus à quel saint se vouer  et les questions doivent se multiplier sur ce que réserve cette semaine au Togo et surtout, ce qui se passera pendant les élections et après. Le pays de Eyadema a habitué le monde à mariner ses scrutins et après élections dans une mare de violences et de sang où sont sacrifiés sans aucune pitié les filles et fils du Togo. A quand la fin des élections indexées sur des violences, des tueries et des exodes, car tant-il est vrai qu’à l’approche de nombreuses élections, le flux de Togolais traversant Aflao vers le Ghana est tel qu’on sent la peur  partout.

Et encore une fois, cette mort de ce enfant innocent enregistrés à moins de deux semaines du scrutin n’augurent rien de bon pour la suite des évènements. Il est clair que la question de la rétroactivité du mandat de Faure Gnassingbé n’est pas étrangère à cette hargne de l’opposition politique. Le représentant de tout ce système dynastique qu’elle combat depuis plusieurs décennies est en passe de ne pas quitter le pouvoir comme les opposants le réclament. Car s’il y a encore la tambouille dans ce petit pays du Golf de Guinée, à l’orée de ces élections, c’est que le fils d’une fratrie, celle des Gnassingbé dont la patriarche régna  sans partage sur le pays pendant 40 ans, le représentant de cette famille donc, après 15 autres années à la suite du père compte mettre les compteurs à zéro, pour 1 voire 2 autres baux si affinités à la présidence, ce qui ferait près de 70 ans cumulés à la tête du pays pour Gnassingbé père et fils.

D’où l’opposition qui est vent debout pour enfin cadenasser à double tour l’article 59 de la Constitution pour qu’il ne rétroagisse pas ! Le Togo est donc suspendu à ces questions basiques : Faure Gnassingbé sera-t-il candidat ou non en 2020 ? Comment mettre fin à ce règne quasi-monarchique et enfin corriger cette anomalie de l’Afrique de l’Ouest qu’est le Togo, pays privé d’alternance, ces dernière années ? Tant qu’on ne se résoudra pas, du moins tant que l’horizon d’une alternance ne sera pas ouverte, le Togo ne connaîtra que élections trompe-l’œil, fausse accalmie et paix-fourrée. Et tout est réuni encore pour des violences à ces élections. Devant tous ces ingrédients aux essences explosives, l’interrogation est bien là, légitime et lancinante : comment conjurer le signe indien d’ici cette date fatidique, voire les jours d’après ?

Ahmed BAMBARA

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