Législatives au Togo : Y aura-t-il une exception à la règle du cycle violences-élections-crises ?

Législatives au Togo : Y aura-t-il une exception à la règle du cycle violences-élections-crises ?

Idrissou Moufidou restera l’hideux visage de ces législatives 2018 au Togo. Ce jeune mécanicien a été fauché à la fleur de l’âge par des balles assassines, tué selon l’opposition par le général Félix Kadanga, qui n’est rien d’autre que le chef d’état-major général de l’armée togolaise.

Un mécanogate tragique qui s’il s’avérait est gravissime car si le chef d’état-major général d’une armée, descend lui-même sur le terrain pour mater l’opposition et va jusqu’à tirer sur un gamin de 12 ans, c’est que le Togo a touché le fond. Le gamin tué reste l’image emblématique de tous ceux qui ont été massacrés par le langage et l’attitude de la classe politique togolaise. Une classe politique dans laquelle ceux qui jouent le rôle de dirigeants ou de majorité présidentielle sont agrippés de façon viscérale à leurs avantages, leurs intérêts, leurs désirs, leur pouvoir, au point de ne pas hésiter à armer le bras des armées et à faire feu sur des manifestants à mains nues.  Les opposants ont la responsabilité d’appeler les Togolais dans la rue et les gouvernants ont la culpabilité d’user de la force démesurée pour les réprimer.

Depuis le décès de Gnassingbé père, le Togo s’est assis dans le wagon de la violence électorale. Qui dit scrutin dans ce pays, doit presque inévitablement, ajouter l’expression «crise post-électorale», qui  s’écrit le plus souvent en lettres sanglantes sur les murs de cette contrée de moins de 5 millions d’habitants, mais qui squatte les sordides huttes du hameau de la pauvreté et de la virulence politique.

Les législatives d’aujourd’hui 20 décembre 2018, boudées, brocardées, huées, honnies et vomies par une coalition d’opposants politiques le C14, échapperont-elles à cette triste et macabre règle ? Difficile de le dire. On y croit fermement. On prie tous les dieux des eaux qui battent les flancs de ce pays côtier, promesse de richesses et décevante en réalisations de développement, pour que le scrutin ne se transforme pas en pugilat.

Mais sous un régime dirigé par un Faure Gnassingbé Eyadema, accusé à tort ou à raison d’être passé maître et champion dans l’art de culbuter les urnes, faut-il espérer que le voile de la transparence ne sera pas déchiré par le glaive de l’obscurité pernicieuse ? Difficile, car, le nombre de militaires qui ont voté hier n’est pas perceptible dans le fichier électoral. Cette même armée qui donne sa légitimité à Faure Gnassingbé et sur laquelle il a assis la longévité et la solidité de son régime. Du reste, il n’est pas aisé de donner sa main à couper pour attester que les Togolais iront en masse aux urnes, eu égard à l’atmosphère tendue qui enveloppe le pays. Un scrutin sous état de siège s’il en est, car l’interdiction de manifester demeure la cendre sous laquelle couvre le feu. Une interdiction à laquelle, le C14 entend passer outre et dont il n’a pas encore dévoilé le mode opératoire. Ce qui ne présage rien de bon, sauf de violence de sang et peut-être des victimes, surtout que le C14 est convaincu à présent, qu’en mettant entre parenthèses, les réformes politiques tant réclamées, le pouvoir a réactivé les réflexes congénitaux, et que seul un bras de fer demeure la solution.

Bien sûr, côté pouvoir on laisse entendre que le happening insurrectionnel de fin octobre 2014 au Burkina, ne saurait traverser Cinkanssé, la frontière pour atteindre Lomé, et à fortiori Lomé 2, la Présidence togolaise Ce qui est vrai en partie, car le Togo n’est pas le Burkina, même s’il y a une loi d’airain quasi-universelle, qui fait qu’un peuple martyrisé des années durant, qui se retrouve le dos au mur, et qui n’a plus grand-chose à attendre, est capable de tout, même face à des dirigeants forts, protégés par des citadelles impénétrables que garde une armée prétorienne. Au demeurant, il n’y a pas de citadelle qu’un peuple ne peut pas prendre.

Dans ces conditions, quel saint devrait-il recevoir les prières des Togolais pour pouvoir traverser sans dommage ce nouveau fleuve rempli d’eaux tumultueuses ?

Que nous réserve ce petit pays du Golf de Guinée les jours à venir, pris en otage par une famille, dont le hasard a fait que leur patriarche de sous-off. dans l’armée coloniale ait prit le pouvoir il y a 40 ans ?

Ahmed BAMBARA

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