Législatives couplées au référendum constitutionnel en Guinée : Alpha Condé pourrait surprendre…

Législatives couplées au référendum constitutionnel en Guinée : Alpha Condé pourrait surprendre…

Ainsi donc Alpha Condé a décidé ce 4 février de tomber un peu le masque, en couplant les législatives au référendum constitutionnel qui se tiendront le 1er mars.

Toujours est-il que même si le locataire du palais Sekoutourya ne le dit pas, même si la modification constitutionnelle intervenue en décembre dernier maintient les baux à 2 mais les rallonge de 5 à 6 ans, une porte demeure entrebâillée pour Alpha Condé de s’engouffrer pour un 3e mandat.

Le Président guinéen Alpha Condé se comporte comme un gros poisson qui croit se cacher dans des eaux troubles. Alors qu’il barbote en réalité dans le grand aquarium translucide de l’arène politique guinéenne. Pensant que personne ne lit dans son jeu, il se livre à des arabesques qui dessinent toutefois ses intentions, ses envies et ses ambitions.

La dernière pirouette en date, programmer un scrutin législatif et 24 heures plus tard, déclarer qu’il sera couplé au référendum. Et même si on ne porte pas de lunette politique, il n’est pas difficile de voir que l’ancien opposant guinéen veut se cacher derrière les législatives afin d’attirer ses compatriotes aux urnes et fourbir ainsi un taux de participation assez acceptable à mettre sur le dos du référendum.

Ce fameux référendum, qui, sauf cataclysme au Fouta Djalon, devrait en principe permettre à Alpha Condé de briguer ce troisième mandat que la Constitution, de nombreux Guinéens et l’éthique lui refusent. 

Certes, jusque-là, le président guinéen joue dans le box de la brume. Il n’a pas dit ouvertement qu’il veut rester calife à la place du calife. Mais ses actes parlent pour lui. Et cette tendance à vouloir se jouer de ses compatriotes en usant de ruse et de subterfuge n’est pas de nature à améliorer son image fortement dégradée, tant dans son pays qu’en dehors.

Après avoir crié au loup alors qu’il souffrait dans les arcanes et les dédales de l’opposition, Alpha Condé s’illustre de la plus regrettable des manières. Il affiche l’ardoise d’un homme qui a entonné la trompette de la démocratie sans trop y croire et s’empresse de briser ce porte-voix à présent qu’il dessert ses intérêts, ses ambitions et ses envies.

Le 1er mars 2020 est la date choisie pour tenir les législatives reportées tant et tant de fois, et le référendum sur la modification constitutionnelle.  En d’autres termes, il vient de déclarer la guerre aux opposants et au Front National pour la Défense de la Constitution. Un mois incertain va donc commencer à égrener ses jours jusqu’à la date fatidique.

Comment vont réagir les «protecteurs» de la Constitution et les pourfendeurs indécrottables d’un troisième  mandat de Alpha Condé c’est-à-dire le FNDC ? En faisant le choix de tenir ce référendum couplé, il est certain que le camp présidentiel a aussi déployé sa stratégie pour contenir les opposants et les oppositions. Quelle armada sera déployée et jusqu’à quel niveau de barbarie la répression de la barbarie qui s’abattra sur les éventuels contestataires a été fixé ?

Le président Alpha Condé a délibérément décidé d’engager son pays sur le chemin des turbulences. Et c’est dommage pour ce que l’Histoire retiendra de cet homme politique africain. A moins que tout ce raffut, toutes ces dribles, tous ces mics-macs ne soient faits pour un agenda autre qu’un 3e mandat ? Et si Alpha Condé créait la surprise en ne se représentant pas ? Ne prendrait-il pas de cours le FNDC et l’opposition dans son ensemble ? Mais si cette opacité qui entoure sa position ne cachait pas un désir de rempiler, pourquoi ne pas le dire : J’organise ce référendum constitutionnel, mais je ne suis pas candidat. Alpha Condé, pas candidat ! Ce serait la surprise politique de la sous-région. Mais dans ce cas, il aurait fait de le dire tôt car des gens sont morts inutilement.

Ahmed BAMBARA

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