Législatives sans l’opposition au Bénin : Quand Talon piétine la démocratie

Législatives sans l’opposition au Bénin : Quand Talon piétine la démocratie

Coupure d’Internet, du réseau GSM et des lignes internationales hier au Bénin alors qu’en Espagne tout est communiqué de façon transparente. A regarder les législatives au Bénin et en Espagne, on y décèle presqu’une image contraire dans les 2 pays, alors que la démocratie dans son acception universelle est consubstantielle, à la pluralité politique, aux élections libres, à l’alternance …

Pourtant, si en Espagne, les 37 millions de votants auront à départager plusieurs candidats issus de divers partis, à contrario, à 6 000 km de là, dans l’ex-Dahomey, le corps électoral, 5 millions de Béninois n’auront pas le choix puisqu’ils ne voteront que pour des candidats de 2 partis : le Bloc républicain (BR) et l’Union progressiste (UP) tous soutenant le président Patrice Talon. C’est une première inédite insolite, voire une anomalie dans ce Bénin qui eut dans les années 90 à tester le 1er, dans la fébrilité ambiante, la conférence nationale souveraine, ce qui n’était pas donné d’avance sous le règne du «caméléon», le président Mathieu Kerekou, le théoricien du marxisme-léninisme devenu aux dernières années de sa vie apôtre de Dieu, un Kerekou qui savait que le happening de cette catharsis populaire qu’est cette conférence nationale était une sortie simple du palais de la Marina.

Et encore, comment expliquer dans ce Bénin ceint du diadème de modèle démocratique où les présidentielles depuis ces années 90, ont vu des alternances et même un aller-retour du même Kerekou, comment expliquer que justement que c’est cette démocratie réelle, qui aura permis à Patrice Talon, Crésus local, mais pas à forcément parlé une icône politique, comment expliquer son élection en 2016 face au briscard politique Lionel Zinsou ?

C’est parce que le Bénin a toujours été un phare de la démocratie, mais avec ces législatives, Patrice Talon écorne cette image, car on a beau examiner les raisons sous toutes les coutures invoquées par le CENA, on voit mal ce qui peut justifier ce recalage le 5 mai 2019 des partis tels Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBC), l’Union sociale libérale (USL), le parti communiste du Bénin (PCB), … tous de l’opposition.

Les lois sont faites par les hommes pour les hommes, et si nécessité fait loi, il aurait fallu que le gouvernement œuvre à ce que l’opposition soit présente à ces joutes électorales.

Car en délimitant ce 28 avril 2019, cette compétition des législatives à des formations politiques de la mouvance présidentielle c’est-à-dire acquises au pouvoir, et à huis clos avec cette coupure du Web et tout ce qui est numérique, une façon de museler les empêcheurs de voter de cette manière imposée, en agissant ainsi, le pouvoir de Talon donne un coup de canif à la démocratie béninoise, à un équilibre politique du reste solide qui a toujours existé dans ce pays depuis 30 ans.

Certes, Patrice Talon en arrivant au palais présidentiel de le Marna, a montré qu’il n’est pas seulement qu’un Tycoon du coton, car il a initié de hardier réformes économiques libérales, il a fait une croisade contre la corruption, et est d’une fermeté à toute épreuve, mais pour ces législatives, il n’a pas eu le nez creux, en laissant seulement les deux partis qui roulent pour lui, se disputer les 83 sièges à pourvoir au parlement, un parlement monocaméral, signe que Talon veut contrôler totalement l’exécutif et le législatif, ce qui n’est pas mauvais pour peu que le jeu électoral ait été respecté, ce qui n’est le cas.

Si jamais le taux de participation s’avère epsilonique, ce qui semble plausible, vu la très faible affluence hier, vu le désert qui a caractérisé le paysage des bureaux de vote hier, et ceci ajouté à l’absence de l’opposition à l’hémicycle, c’est la fin d’une démocratie-modèle dont historiquement Talon, aura à porter la responsabilité. C’est un précédant fâcheux qui risque de ternir durablement le restant du mandat du président Talon, pour ne pas dire, que ce parlement monocolore pourrait rendre le phare de la démocratie béninoise blafard.

Sam Chris

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR