Les 100 jours du CNSP au Niger-Abandon de l’intervention de la CEDEAO : La junte s’installe doucement, les populations font grise mine !

Les 100 jours du CNSP au Niger-Abandon de l’intervention de la CEDEAO : La junte s’installe doucement, les populations font grise mine !

Il est coutume pour les médias de dresser un bilan des 100 premiers jours d’un président élu. Peut-on appliquer cet exercice à un président putschiste ? Pourquoi pas, puisqu’il est de fait le premier responsable du pays, en l’espèce le Niger, même si le général Abdourahamane Tiani est entré bruyamment à coup de fusil dans l’arène politique. Alors, que dire des 100 jours du CNSP ?

Très peu de réalisation pour ne pas dire  le statu quo car à force de jouer la montre, les putschistes de Niamey ont remporté certaines victoires allant dans le sens de la consolidation de leur pouvoir.

Pendant près de 2 mois, ce fut un tango politico-diplomatique avec la France, laquelle n’a pas reconnu et ne reconnaît pas jusqu’à présent le régime militaire. Mais, c’est surtout le feuilleton de l’ambassadeur Sylvain Itté, et celui des 1 500 militaires qui ont constitué les premiers écueils du CNSP, qui a manœuvré pour qu’enfin la France lâche prise, rappelant son diplomate, et se résolvant à rapatrier ses soldats.

Ensuite, la menace d’une éventuelle intervention de la CEDEAO,  les invectives et accusations contre la France, et la bataille informationnelle, qui a fait rage sur la Toile où les trolles ont déversé en quantité industrielle, des Fakenews et autres désinformations, accouchant une infocalypse, qui a profité à la junte, dont le seul objectif est l’instinct grégaire de la survie.

Au sujet de l’intervention de la CEDEAO, la junte peut boire son petit lait car les pays presentis pour le faire, ont abaissé leur alerte, demobilisé leurs soldats, la date tenue secrete de l’intervention est dépassée, et son instigateur, le président Nigérian Bola Tinubu, n’est «plus chaud», pressionné par les religieux de son pays.

Passons sur le cas Mohamed Bazoum, sur lequel entre la France, la CEDEAO et le Niger, c’est toujours la tension, l’ex-président étant toujours perclus à la présidence, et ayant même tenté de s’évader, il y a quelques jours, selon la version officielle.

A contrario, sur le plan socioéconomique, assaillis par moult difficultés qui vont du corset des sanctions de la CEDEAO, de l’UE et tout dernièrement des USA, la junte s’est installée certes, mais voit rouge.

Le quotidien des Nigériens s’est dégradé de façon exponentielle, même atténué par l’aide de voisins qui partagent une sorte de communauté de sort, le Burkina et le Mali. A titre d’exemple, le sac de riz de 50 kg est passé de 11 500 F avant le 26 juillet à 16 000 F CFA, soit une hausse de 40%, celui du maïs de 20 000 F CFA à 32 000, soit une augmentation de 60%. Le sucre passe de 600 F le paquet à 1 200 F CFA. L’inflation est donc un gros problème au Niger depuis 3 mois. Les entreprises industrielles et les PME et PMI s’enfoncent dans des situations précaires, avec la fermeture du port de Cotonou, et le sevrage de l’électricité par le Nigéria. En ce qui concerne la lutte contre l’insécurité, en 3 mois, plus d’une dizaine d’attaques complexes ont émaillé le Niger.

Plus de 80 soldats ont perdu la vie, et 160 civils et une vingtaine reste portée disparue. Véhicules, armements, munitions ont été détruites ou pris par les assaillants. Certains expliquent cet état de fait par la démobilisation des forces de sécurité pour sécuriser le pouvoir, et la faiblesse du maillage du territoire.

100 jours après son avènement, le CNSP cherche toujours à asseoir son pouvoir, à parer aux éventuels putschs, et  «aux coups fourrés» de la France, qui chercherait toujours à le renverser. Sans oublier que pris à la gorge économiquement et financièrement, les putschistes sont en quête de bouffées d’oxygène, car le plus grand danger, pourrait venir des mêmes Nigériens tenaillés par les problèmes insolubles. Quand le ventre du peuple est vide, il se moque si c’est Bazoum ou Tiani au pouvoir, il veut à manger, et sa réaction est imprévisible.

La REDACTION

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