Lettre de l’éditeur | Burkina Faso : Après l’Annus Horribilis III, faites nous rêver en 2019 ! 

Lettre de l’éditeur | Burkina Faso : Après l’Annus Horribilis III, faites nous rêver en 2019 ! 

Happée par le sablier de l’éternité ou par les trous noirs du Big Bang, selon qu’on est croyant ou disciple de Stephen Hawkings, 2018 s’en est allée. Dans le monde, l’année qui s’achève fut estampillée par les questions migratoires avec par exemple l’image de l’esclavage en Libye ou l’errance sans fin de l’Aquarius. En Afrique, plusieurs élections ont introduit plus de démocratie dans les mœurs, même si ce mode de gouvernement toujours tropicalisé reste à être affiné, alors que même certains pays font de la « résistance » et restent des anomalies dans cette démocratisation tous azimuts. Et le Burkina Faso dans tout ça ?

2018 ! Cela fait 3 années qu’après une insurrection de fin octobre 2014 qui mit fin à 27 ans de règne de Blaise Compaoré et une Transition de 13 mois, Roch Kaboré fut élu.

2018 aura été également l’année des débrayages révolvings et sit-in de quasiment toutes les couches socioprofessionnelles, à telle enseigne qu’il a manqué de peu que le pays soit sur répondeur.

Mais si ces grèves qui frisaient le nihilisme syndical, ont été un des facteurs qui ont tiré le Burkina Faso vers le bas, c’est incontestablement les attaques terroristes qui ont secoué la Nation.

D’abord le Nord et le Sahel, puis l’Est et surtout l’outrecuidante double attaque de l’ambassade de France et de l’Etat-major général des armées survenue le 2 mars 2018 à Ouaga.Ce fut le summum des estocades djihadistes, et après ce qui a ressemblé à Dien-bien-Soum, les FDS burkinabè ont repris la main, sans pour autant parvenir à inverser la tendance, avec l’exacerbation à l’Est et des itératifs coups de boutoir sanglants dans d’autres régions comme celui du 27 décembre dernier à Toéni dans la Boucle du Mouhoun qui ôta la vie à 10 gendarmes.

Pour la 3ème année consécutive, 2018 fut une année horrible, une Annus horribilis, qu’il faut oublier et penser à 2019, avec de bonnes résolutions et surtout de bonnes actions. Le présent peut paraître sinistré, noir, mais l’avenir, les perspectives pleins d’espoir, et cet à-venir qu’on construit, qu’on conçoit d’abord relève des dirigeants. C’est dans le regard d’un enfant qui a faim, sans soins, d’une mère, d’un commerçant victime d’une économie malade qu’on lit l’âme d’un peuple et celle du Burkina à des bleus.

C’est à l’aune de la capacité des gouvernants de faire apparaître les rêves aux jeunes, aux travailleurs, aux femmes… qu’on mesure leur compétence. Si le « Oser inventer l’avenir » de Thomas Sankara fait toujours recette à l’époque actuelle, c’est que le père de la Révolution burkinabè avait des idées simples qui transformaient le quotidien de ses compatriotes. Ses 3 luttes (contre la divagation des animaux, la coupe abusive des arbres,  les feux de brousse), son mantra qu’il serinait « Consommons ce que nous produisons » sont toujours actuels, mais ce sont des « inventions » réalistes et réalisables. Par un pur hasard sur par exemple le port des vêtements « made in Burkina », le président Roch Kaboré est un exécuteur testamentaire du legs Sankara : en portant quasiment tous les jours la cotonnade locale, il y a eu l’effet entrainant, sans qu’on ait eu à prendre un décret dans ce sens.

Le Burkina Faso est en guerre, le front social est souvent en ébullition et dans ce tohu-bohu seuls des dirigeants qui ne restent pas   rivés sur le volant mais sur le pare-brise peuvent inventer et vendre ces rêves aux Burkinabè. Chers gouvernants faites rêver les Burkinabè en 2019 !

Le pouvoir du MPP est interpellé au premier chef car au-delà de la politique politicienne, il faudra, et c’est un impératif catégorique faire bouger les lignes en 2019, pour espérer à l’heure du bilan, que l’addition avec celui des 3 années passées soit appréciable. Seul l’existant distingue des gouvernants compétents des apprentis sorciers. Bonne et heureuse année 2019 aux bipèdes parlants. Meilleurs vœux à tous et à toutes.

Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA

Directeur de publication

Directeur général

Chevalier de l’Ordre national

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