Levée avec «effet immédiat» des sanctions contre le Niger par la CEDEAO : 50% du différend avec l’AES résolus, reste la question du modèle politique

Levée avec «effet immédiat» des sanctions contre le Niger par la CEDEAO : 50% du différend avec l’AES résolus, reste la question du modèle politique

A sanctions avec «effet immédiat» le 30 juillet 2023, «levée avec effet immédiat» de celles-ci le 24 février 2024. La voix d’Oumar Touray porte-parole de la CEDEAO est calme, limpide et stentorisante à ce sommet extraordinaire de la CEDEAO consacré aux 4 pays bariolés de kaki, en particulier aux sanctions imposées au Niger, et une expression qui fait florès chez les militaires qui sont au pouvoir aura retenu l’attention dans ses propos «effet immédiat».

Ainsi, la conférence des chefs d’Etat a décidé :

– La fermeture des frontières terrestres et aériennes avec les voisins va cesser ;

– Les transactions financières sont désormais autorisées ; surtout les micmacs avec la BCEAO vont finir.

– Le gel des avoirs nigériens est dégelé.

«AVEC EFFET IMMEDIAT» ! Une expression qui va désormais enrichir les rues de Niamey, Ouaga, Bamako et ailleurs ! Ces sanctions que la CEDEAO avait lestées contre le Niger pour faire abandonner le CNSP, et rétablir le président déchu, Mohamed Bazoum, ont donc fait flop. Impopulaires, rejetées, et inopérantes, lesdites sanctions ont fragilisé la CEDEAO avec la scissiparité intervenue par l’avènement de l’AES. 4 principales raisons ont dicté la cessation de ces sanctions :

1) Elles étaient exécrées car paupérisantes des populations déjà frappées par un environnement économique pas toujours facile ;

2) Les autorités nigériennes ont résisté et la création de l’AES le 16 septembre 2023 est venue imposer un rapport de force avec la CEDEAO, laquelle est sortie perdante, à force de ne pas avoir su anticiper sur une géopolitique qui s’est dessinée depuis quelques mois ;

3) Faciliter également le travail du médiateur devenu naturel qu’est le président togolais Faure Gnassingbé, afin de lui permettre, lui qui a les oreilles attentives de Goïta du Mali, IB du Burkina et Tiani du Niger, de poursuivre l’action de déridation du contexte. Ainsi, la libération de Bazoum n’est plus la contrepartie exigée pour cette levée des sanctions. De guerre lasse, la CEDEAO a quitté donc sa position intenable de grand écart. Et Tinubu Bola, le président en exercice de la CEDEAO, dans ses propos d’ouverture du sommet, avait donné le tempo, en évoquant la géopolitique actuelle, de la sous-région qui ne laisse d’autre choix à la CEDEAO que de «prendre des décisions difficiles et courageuses qui placent le sort de nos populations au centre de nos discussions». en français facile, la levée d’une partie des sanctions contre le Niger est impérative. Lointain et rangé le ton martial et comminatoire d’un Tinubu, qui vitupérait contre zéro coup d’Etat, d’intervention militaire au Niger pour remettre Bazoum au pouvoir.

Et puis, il y a un président comme le Béninois Talon qui a finalement pris fait et cause pour l’AES ces derniers temps. La realpolitik et l’AES ont donc dicté leur loi ce 24 février à Abuja !

Une partie du problème est en passe d’être résolue reste, l’autre, évoquée également par Tinubu, lequel décidément ce jour-là était inhibé de sagesse, à moins que ce ne soit de lassitude, un Tinubu qui a dit : «Revoir notre approche quant au retour de l’ordre constitutionnel chez 4 de nos pays membres». N’est-ce pas ce que réclament les putschistes militaires, et les rues de Bamako-Ouaga-Niger et Conakry ?

La problématique du modèle politique dans la sous-région est un gros dossier sur lequel doit se pencher la CEDEAO. On l’aura remarqué, toutes les missions de l’après-putsch au Niger allaient avec comme feuille de route, le retour à l’ordre constitutionnel normal, comme une monnaie d’échange contre la levée des sanctions. A quand les élections ? 3 ans, c’est trop! Ces oukases n’ont pas prospéré. Du reste, la CEDEAO avait tenté cela avec le Mali avec le même résultat.

Il faut que l’organisation sous-régionale fasse au mieux de dépoussiérer ses textes sur les modes de gouvernement, au pire, qu’elle réduise ses prétentions sur ces questions de modèle politique de  ces pays souverains. Basta sur les copies importées, semblent crier en chœur ces pays putschés. Des démocraties tropicalisées ? En tout cas, les scrutins dits démocratiques paraissent ne plus refléter la volonté populaire, justement parce que des marionnettistes imposent toujours des dirigeants malléables et corvéables à merci, sinon gare à leur fauteuil !

Les alternances trompe-l’œil, les élections alibi, les hommes inaptes, voilà ce que rejettent de plus en plus les populations de ces pays où depuis les indépendances, ce sont les militaires qui ont le plus été aux affaires que les civils. Cherchons l’erreur!

50% du différend avec l’AES ont été résolus, il en reste la moitié et si solution est trouvée, la CEDEAO se positionnera de façon naturelle dans son entièreté.

Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA

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