Libération de Ingabiré et de Mihigo au Rwanda : Dans la tête de Paul Kagame

Libération de Ingabiré et de Mihigo au Rwanda : Dans la tête de Paul Kagame

Il n’est pas dans les habitudes de  l’austère maître du Rwanda, de se montrer magnanime, ni avec les opposants, ni avec quiconque se permet de lui donner des leçons ou de lui suggérer une conduite à tenir. Il envoie paître et invoque l’innommable de 1994 le génocide rwandais, qui impose à ce peuple de se frayer désormais son chemin propre à lui, sans influences extérieures. Et pourtant, c’est ce qui est intervenu ce 15 septembre 2018 avec la liberté accordée, à l’opposante Victoire Ingabiré et au chanteur Kisito Mihigo tous deux considérés par les droits-de-l’homiste comme des prisonniers politiques.

Quel est le motif de cette levée d’écrou, de la part d’un pouvoir fort dont les occidentaux et Américains critiquent l’absence de démocratie, mais louent les performances économiques, de développement et même y délocalisent certaines entreprises ? Des esquisses de réponses foisonnent, mais il n’est pas certain que toutes soient pertinentes, à tout le moins soient dans les petits papiers du locataire d’Urugwiro Village, la présidence rwandaise. Ces élargissements peuvent effectivement rentrer dans le cadre d’une procédure normale, les bénéficiaires ayant introduit des demandes de grâce, l’homme mince de Kigali, peut user de ses prérogatives régaliennes, et les libérer.

Naturellement, les yeux sont tournés vers Erevan, en Arménie où aura lieu la grand-mess de la Francophonie, et au cours de laquelle la ministre des affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo, sollicitera l’onction des pays pour diriger l’OIF : alors est-ce une pression de la France dont le président Emmanuel Macron a déjà jeté  son dévolu sur la cheffe de la diplomatie du Rwanda ? Si le chef de l’Etat français, s’était permis, il y a quelques mois de jeter le nom de la protégée de Kagame pour ce poste, laissant mariner Michaëlle Jean, la canadienne, candidate à sa succession, c’est sûr, qu’il en touché mot à son homologue des Grands lacs.

Arrangement peut-être, mais pression, pas si certain tant, Paul kagame, est pointilleux sur les diktats extérieurs, surtout pas de la France, dont les rapports demeurent sinusoïdaux : il n’y a toujours pas d’ambassadeur de France à Kigali, la justice française est passée par là et le Rwanda a toujours comme langue officielle celle de Sheakspeare. D’ailleurs, l’opposant en exil, Faustin Twagiramungu n’y croit guère, mais penche plutôt pour des pressions américaines. Là aussi c’est une hypothèse plausible, mais pas forcément étayée, car si le Bismark des pays des Mille collines, a été l’enfant chouchou des Américains, il s’en est émancipé, et n’obéît plus à la lettre aux injonctions de l’oncle Sam. Car si les deux emblématiques personnalités ont recouvré la liberté, il n’en reste pas mal en prison tels que Boniface Twagiramana, le vice-président des Forces démocratiques unifiés (FDU), le parti d’Ingabiré, l’opposant, ex-membre du FPR, Deo Mushayidi, ou encore  Diane Rwigara, ex-candidate à la présidentielle. Bref peut-être qu’il y a du tout cela à la fois qui explique cette mansuétude kagaméenne mais chacun le sait à commencer par les Rwandais, auréolé de sa réélection de 2017, et potentiel président jusqu’en 2030, le Napoléon de 1994, n’en a cure de ce que pense l’extérieur, et nul ne peut savoir exactement ce qui trotte dans sa tête. Et Kagame a en partie raison, il est de plus en plus prouvé, qu’en Afrique entre Rousseau et Hobbes, les Africains ont besoin du second pour que ça marche ! Et les Occidentaux, optent subrepticement pour ce choix .

Sam Chris

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