Libération d’Eddy Kapend et Cie en RD Congo : Le détricotage de l’édifice Kabila se poursuit

Libération d’Eddy Kapend et Cie en RD Congo : Le détricotage de l’édifice Kabila se poursuit

Qui a ordonné au «Kadogo» Rachidi Mizele un soldat de rang de commettre le régicide au palais de marbre en ce 16 janvier 2001 aux environs de 14 heures ?

Comment a-t-il pu accéder dans ce saint des saints où justement Laurent Désiré Kabila, avait installé ses bureaux, désertant le palais de la Nation (ou le président-Léopard Mobutu avait sa tanière) et même la cité de l’OUA, où il demeura quelques temps, avant de s’en aller, proximité du camp Tshashi oblige ? Toujours est-il que Rachidi ne parlera plus jamais, liquidé avec d’autres personnes, y compris des opérateurs économiques libanais, mais des témoins ont survécu, notamment son conseiller économique Mota, et surtout son aide de camp et chef d’Etat-major particulier, le colonel Eddy Kapend.

Après une réunion de guerre, autour de Kapend des ministres d’Etat Pierre Victor Mpoyo et Gaétan Kakayi, et du général Denis Kalume, au cours de laquelle, chacun a décliné d’assurer la régence, le nom du général-major Jospeh Kabila, s’est imposé. Fils du Mzee (Kabila-père), ce dernier âgé de 31 ans à l’époque remplace au pied-levé le tombeur par les armes de Mobutu, grâce à Kapend, au général Yav Nawey Jean. Puis le 24 février, coup de théâtre. Kapend est arrêté, jugé et condamné à mort, pour avoir été le commanditaire de l’assassinat de son oncle de président, qu’il avait pourtant sauvé, en 1998.

Procès-alibi, procès-expiatoire, truffé de frilosité, de célérité, d’absence de preuves, d’évasion de suspects sérieux, de non-dits, comme l’a été celui de Floribert Chebeya, bref un jugement qui n’aura pas permis de savoir toute la vérité sur cette sanglante révolution de palais du 16 janvier 2001. Eddy Kapend et plusieurs autres triquent. Au total, 135 conjurés jugés, 85 condamnés dont 35 à la peine de mort.

20 ans après, en ce 8 janvier 2021, le président Félix Tshisekedi a décidé de gracier Eddy Kapend et une vingtaine de ses codétenus, condamnés dans cette affaire d’assassinat de l’ex-président des AFDL. Une libéralité discrétionnaire présidentielle qui soulève 2 problèmes :

1) Deux décennies après la tragédie du palais de marbre, et malgré cette condamnation, nul ne sait la vérité, Kapend a toujours clamé son innocence, et bon nombre de Congolais, ont le sentiment d’une injustice qui reste prégnante, et même si les élargis hument certes l’air doux de la liberté mais ils ne sont pas lavés de l’accusation qui pend sur leur tête. La grâce présidentielle libère mais n’absout point.

Eddy Kapend et Cie ont l’impression d’avoir payé pour rien, d’avoir perdu 20 ans de leur vie, alors que pas la moindre preuve de leur culpabilité, n’a été administrée, sauf le cas de Kapend, sur qui repose le fait qu’il ait tué Rachidi, le meurtrier  de Kabila, «sur un coup de colère», avanca-t-il lors du procès.

2) Pour bien signifier son divorce avec son ex-mentor de l’ombre, le plus allié encombrant, Joseph Kabila, quoi de plus normal que de détricoter ce qu’il a construit politiquement et judiciairement, à commencer par l’évènement lié au fondement même du pouvoir de Kabila : l’assassinat de son père.

Comme pour dire, «je ne peux plus les laver des accusations, mais je peux leur rendre la liberté», Félix Tshisekedi continue de couper tout lien ou tout pouvoir dont se prévalait Kabila. Cette libération d’Eddy Kapend et de la vingtaine d’ex-détenus, pourrait d’ailleurs ouvrir la boîte à pandore, qui exhumera certains aspects de cette ténébreuse affaire, dont les ramifications pourraient ne pas laisser Kabila ou des Kabilistes sereins.

Eddy Kapend et Cie ou la énième émancipation de Tshisekedi en RD Congo ! La  destruction de la maison Kabila se poursuit jusqu’aux portes de 2023.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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