Libération des 46 militaires ivoiriens au Mali : Pourquoi ça coince toujours ?

Libération des 46 militaires ivoiriens au Mali : Pourquoi ça coince toujours ?

Une façon de sauver la face et de ne pas plier vis-à-vis de la bronca internationale concernant ce dossier d’Etat qu’est la libération des 46 soldats ivoiriens détenus depuis le 10 juillet dernier ? Ou au nom d’un souverainisme à fleur de peau, en vogue au Mali, qui fait que tout ce qui touche aux autorités est un sujet très sensible ?

Quelques questions pas superflues du tout lorsqu’on sent l’optimisme dégager des propos du président ivoirien vendredi dernier après avoir reçu le médiateur officiel de cette affaire, le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé.

En effet ce week-end, le président Alassane Ouattara laissait entendre qu’il tablait sur «un heureux aboutissement très rapide», après le compte rendu de Faure. Autrement dit, les soldats devraient respirer l’air de la liberté incessamment. Un optimisme contagieux, d’autant qu’il intervient après moult revirements côté Bamako, tantôt, il est question de les libérer sans condition, tantôt contre des opposants maliens vivant en Côte d’Ivoire.

Or, la dernière bonne nouvelle est que le président de la Transition malienne, le colonel Assimi Goïta aurait donné son quitus pour une levée d’écrou sans condition des 46 proscrits ivoiriens au Mali. Un Ok sans condition, soit, mais sans date, c’est-à-dire que cela peut survenir demain, dans une semaine, dans un mois … Un flou temporel qui s’expliquerait :

– Primo : les 46 militaires toujours sous le coup d’une inculpation pour «tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat» pourraient passer par le box de la justice.

– Secundo : Bamako veut un procès, quitte à ce que Goïta use de son pouvoir régalien pour les gracier, question de sauver la face.

Au-delà de tous ces micmacs, il semble qu’il ait d’autres dessous qui parasitent la libération de ces 46 soldats. Selon plusieurs sources qui se recoupent, Bamako n’a toujours pas lâché l’histoire de la «contrepartie». Peut-être pas avec des opposants, mais contre espèces sonnantes et trébuchantes de la BCEAO, financement que pourrait faciliter Abidjan, et surtout Alassane Ouattara, ex-gouverneur de cette Banque centrale. Un deal que côté ivoirien on est prêt à nouer, mais après élargissement des 46 soldats.

On le voit, ce dossier brûlant qui fait grésiller l’huile sur le feu entre le Mali et la Côte d’Ivoire, connaît des épisodes à rebondissement. Sérénité et optimisme au bord de la Lagune Ebrié, surenchère, prudence et calcul politique du côté du fleuve Djoliba.

Pourtant, cette affaire des 46 soldats, ne saurait effacer les relations entre 2 pays qui ont toujours été solidaires l’un envers l’autre. La seule explication, est que depuis le double coup d’Etat au Mali, rien ne va plus entre les 2 capitales. Abidjan n’admet pas ce changement de régime par la force et Bamako soupçonne Abidjan d’avoir été un des inquisiteurs dans les sanctions de la CEDEAO qui l’a frappé. Pire, les autorités maliennes sont fâchées contre la Côte d’Ivoire qu’elles taxent d’être «manipulée » par la France. Une France que ne cesse de flétrir la junte malienne.

D’aucuns n’hésitent d’ailleurs pas à voir dans ce dossier, une guerre froide menée par procuration par le Mali contre le France, à travers la Côte d’Ivoire. En attendant, il y a 46 soldats ivoiriens qui veulent leur liberté, retrouver leurs frères d’armes et surtout leurs familles.

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR