Libération d’opposants au Cameroun Biya, grand manœuvrier, Kamto  doit éviter aussi la surrenchère politique

Libération d’opposants au Cameroun Biya, grand manœuvrier, Kamto  doit éviter aussi la surrenchère politique

Paul Biya est au moulin. A tour de bras, la manivelle du fin politique
est en action. Les pales de sa manœuvre brassent l’air du paysage
politique camerounais et tous ses acteurs reçoivent son souffle en
plein visage. Difficile de rester indifférent.
Même si la crise anglophone n’est pas totalement dénouée, les muscles
qui enserraient le cou de la bête politique camerounaise sont en train
de se décrisper. Ce ne sont pas les 333 détenus anglophones qui diront
le contraire. Pas plus que Maurice Kamto, qui a recommencé à respirer
à plein poumon, l’air libre de la terre libre de Yaoundé, le 5
octobre. Les pirouettes de joie de ses partisans prouvent que cette
libération est un ouf de soulagement.
Geste de magnanimité de Paul Biya ? Pour qui le connaît, cette
éventualité ne doit pas effleurer l’esprit. Le président camerounais,
même si la plupart de ses compatriotes semblent indifférents à ce
qu’il fait à la tête de leur pays, à la durée de son mandat
présidentiel, que les grands gardes chiourmes de la démocratie
semblent le regarder sans le voir, que peu de gens pensent à le
contredire compte tenu du verrou qu’il représente contre la menace
terroriste,  il n’en demeure pas moins que cela fait tout de même
anachronique de continuer sur le chemin de la démocratie.
Par ailleurs, le front du terrorisme lui donnant déjà assez de grains
à moudre, une partition du pays est un autre front dont il se serait
bien passé. Sans compter que cette guerre fratricide commençait à
prendre des proportions assez dramatiques sur le plan humain et il
suffit parfois de rien pour que la Cour pénale internationale traîne
ses savates dans le palais présidentiel de Yaoundé.
Alors, un dialogue politique national avec de grandes décisions,
libération de 333 détenus dans la fameuse crise et cerise sur le
gâteau, geste de magnanimité à l’endroit du seul opposant qui fait
mine de pouvoir lui tenir tête donne l’impression générale d’une
bouffée d’air frais s’engouffrant dans une pièce chauffée à blanc. Et
qui apparaît finalement le héros de tout ça ? Paul Biya, évidemment !
Reste à savoir où ira cette grande manœuvre et si ses grandes ailes
recouvriront le  leader ambazonien Sisiku Ayuk Tabé, Marafa Hamidou
Yaya ou encore Jean-Marie Atangana Mebara.
En attendant, le Patron du Mouvement pour la renaissance du Cameroun
(MRC) Maurice Kamto et les siens devraient apprendre à raser les murs
et à ne pas trop en rajouter après cette libération qu’ils
n’espéraient sans doute pas. S’entêter dans des diatribes pourrait
vite les faire passer aux yeux de l’opinion camerounaise comme des
chantres de l’ingratitude (c’est aussi cela la force d’un manœuvrier)
ou tout simplement, le chemin de la prison pourrait retrouver leurs
traces .
Ahmed BAMBARA

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