Liberté de la presse : Et de deux pour le Burkina dans la Cour francophone

Liberté de la presse : Et de deux pour le Burkina dans la Cour francophone

Et de deux pour le Burkina Faso ! Pour la 2e année consécutive, le pays des hommes intègres est classé par Reporters sans frontières (RSF) premier de la zone francophone, en matière de liberté de la presse, et 41e mondial. Un classement similaire à celui de l’année dernière. Mieux le Burkina devance même les Etats-Unis d’Amérique. Ce n’est point le fruit d’un hasard, mais une place amplement méritée. Le classement de RSF signifie d’abord qu’il y a moins de prédateurs des médias au Burkina si fait que l’exercice de la profession s’en trouve facilité.

Révolue l’époque des procès-alibis, des menaces et même des assassinats de journalistes dont l’exemple-type reste l’emblématique Norbert Zongo, tué et brûlé en décembre 1998 et dont les circonstances restent encore non-élucidées. Au demeurant, au moment où les médias burkinabè sont honorés par Reporters sans frontières, on ne peut qu’avoir une pensée pour nos confrères qui sont ostracisés ou carrément tués par des dictateurs tel dans l’Etat théocratique en gestation au Burundi sous la férule du président pseudo-messie Pierre N’Kurunziza, ou encore en Erythrée, et même dans les lointaines plaines talibanes d’Afghanistan où ils paient de leur vie, en labourant les chantiers de l’info.

Mais si la presse burkinabè a gagné en grade, c’est parce que les journalistes ont un peu balayé devant leurs portes. L’éthique et la déontologie sont mieux arrimées au corps, l’écriture n’est plus approximative, le ton pas haineux, le fourvoiement et le dévoiement y sont bannis de même que le sensationnel et la responsabilité sociale est prégnante, bref, les «fondamentaux» du journalisme font toujours autorité. Cependant, ne nous gargarisons pas trop, car derrière ces lettres de noblesse acquises, subsistent des moutons noirs de la profession, aidés en cela, il est vrai par ceux des réseaux sociaux, poubelle de l’info par excellence. Et si la plupart des médias ont le dicton de Baumaucheus «Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur» inscrit au fronton de leur rédaction, certains continuent dans la délation, la rumeur, la confusion des genres, les zigzags éditoriaux, qui décrédibilisent les médias. L’autre envers du décore demeure le format économique des médias burkinabè : hors mis le darwinisme naturel, les médias burkinabè sont frappés par la morosité économique ambiante qui contraint beaucoup à mettre la clef sous le paillasson. Retard dans le paiement des factures, ici l’Etat étant le plus grand abonné et annonceur, lectorat,  auditeurs ou téléspectateurs volages, publicité étriquée, cherté des matières premières et de l’électricité sont autant de facteurs qui inhibent le dynamisme médiatique. Du reste courant 2017, plusieurs titres ont disparu du paysage des médias, principalement pour des raisons financières.

A titre d’exemple de comparaison, en Côte d’Ivoire, il existe 24 quotidiens, qui tiennent la route, alors qu’au Burkina, il y en a 6 dont 4 n’ont pas encore fait leur trou. La seule bouée de sauvetage de la presse écrite, des radios, TV, et presse en ligne reste le fameux Fonds d’appui à la presse privée (FAPP) qui hélas est devenu pour les journalistes ce que la muleta est pour le taureau. Le gouvernement le brandit depuis 2015, mais jusqu’à présent, rien de concret pour des questions de… signature. Alors, le Burkina est certes premier de classe dans la Cour francophone, mais les journalistes mangent souvent la vache enragée pour accomplir leur sacerdoce.

Zowenmanogo  ZOUNGRANA

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