Libye : Poutine et Erdogan font bouger les lignes

Libye : Poutine et Erdogan font bouger les lignes

Effet Poutine plus que pression de l’UE ? Le vote du parlement turc, suivi du déploiement de l’armée ont été stoppés dans la foulée par Erdogan, qui avoua qu’il n’y a que 35 soldats turcs en Libye. En outre, Poutine et Erdogan sont parvenus à un gentlemen agreemen.

Ces derniers jours, la Libye post-Kadhafi est devenue l’objet de toutes les convoitises, officielles et officieuses. Elle l’était, on s’en doutait, vue la position schizophrène dans laquelle se trouve la communauté internationale, disons, ceux qui ont déboulonné le Guide de la Jamahiriya. Un premier ministre reconnu, du nom d’Al Sarraj, mais un cœur des grands pays pour Haftar qui bat et des moyens logistiques qui vont vers le pire ennemi de l’homme de l’Ouest, le maréchal Haftar. Qui est dupe ? Les chassés-croisés de ces 48 heures démontrent à souhait que cette communauté internationale trépigne d’impatience de voir enfin un dénouement de cet embrouillamini libyen, en clair que cesse ce duo exécutif qui ne dit pas son nom. Qu’advienne un homme fort, et cet homme, malgré les dénégations à gauche et à droite n’est autre que Haftar.

En témoigne son aller-retour à Rome hier 8 janvier et sa rencontre avec le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.

Déjà, le 16 mai 2019 le même Haftar était à Rome, et le même sentiment s’était dégagé, qu’il était l’homme de la situation en Libye.

Problème : comment l’UE qui ne jure que par le GNA de Sarraj va-t-elle manœuvrer pour le faire sortir du jeu et subrepticement le remplacer par Haftar ?

Comment concilier le Libyens de la Cyrénaïque favorables à Haftar, et ceux de l’Ouest, du Faizzan et de la Tripolitaine ?

Cyniquement, va-t-on laisser les hommes de Haftar s’emparer une à une des villes libyennes jusqu’à reddition de Sarraj ?

Car à la vérité, dans cette Libye où les pro et anti-Kadhafi, sans oublier les djihadistes et autres saprophytes, dans cette Libye, où on se dispute le service après-vente (SAV), et le pétrole, plus vite on sortira de cette guerre civile, mieux vaudra pour les affaires et les business.

Et s’il y a eu toute cette bronca anti-Turque, c’est que Erdogan joue à l’intru, son entrée presque par effraction dans le conflit libyen, pourrait changer la donne, empiéter sur certains scenarios, et là, ni l’UE, ni d’autres intéressés par cette grosse éponge pétrolière ne peuvent le tolérer. Et comme la Russie qui pourtant n’est pas sur le même registre que la Turquie est entrée dans la danse, forcément, il y a du nouveau en Libye.

Car si la communauté internationale est dans la position du grand écart, le président turc lui roule pour Sarraj, ce qui pourrait passablement contrarier les plans de ceux qui «surveillent la Libyé» comme du lait au  feu. Et voici venir le tsar Poutine qui calme le jeu. Et si le cessez-le feu de dimanche est respecté…

Pourtant, il faudra bien sortir de cette situation entre chien et loup, car les Libyens sont fatigués, et que dire des populations du Sahel, qui souhaitent une stabilisation de ce pays, une des conditions pour pacifier la bande sahélo-saharienne où ont posé leurs pénates les supplétifs kadhafiens.

Moralité : qu’on le veuille ou non, Poutine et Erdogan ont fait bouger les lignes. Dans quel sens ? A chacun son jugement.

Sam Chris

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