L’embrasement militaire est à craindre en Libye. Le Maréchal Khalifa Aftar s’est mis en tête d’aller à la conquête de Tripoli. «D’épurer» l’Ouest du pays des «terroristes et mercenaires» comme il le dit. L’Est ne lui suffit donc plus. Il lui faut «annexer» l’entièreté du pays. Les efforts pour essayer de rallier les frères libyens risquent donc de partir en vrille et la réunion prévue à Tripoli est écrite en pointillé.
La déclaration suivie d’effet du Maréchal, puisque ses troupes avaient en effet fait mouvement déjà vers Garyan, situé à une centaine de kilomètres de Tripoli, sonne en plus comme une provocation, surtout du côté de la communauté internationale. Sa «conquête» de Tripoli a été lancée au moment où le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, se trouve dans la capitale libyenne. Ou du moins, ce qu’il en avait été. Un pied de nez et un manque de considération pour tous les efforts qui avaient été fournis jusque-là.
La question qui taraude les esprits, c’est de savoir ce que veut vraiment le militaire libyen. Phagocyter toute la Libye ? C’est un secret de polichinelle. Mais est-ce vraiment raisonnable puisque s’attaquer au Gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj, c’est surtout engager un bras de fer avec la communauté internationale, l’ONU en tête. Il n’est un secret pour personne que les «amours» de l’Occident sont tournés vers l’autorité basée à l’Ouest de la Libye meurtrie. Les soutiens sont clairs à ce niveau.
Il reste maintenant à savoir jusqu’où iront ces soutiens. Est-il envisageable que la communauté internationale, par le truchement de l’ONU, engage des arguments autres que les expressions de «préoccupations» pour appuyer leur soutien ? Ce serait faire preuve d’une certaine ingérence dans la guerre fratricide des frères libyens.
Toutefois, laisser faire et regarder sans rien faire revient à sérieusement observer en spectateur la Libye retomber dans une spirale de violences et d’instabilité dont les conséquences seraient incalculables. Au moment où les soubresauts «officiels» de l’Etat islamique ont été étouffés en Syrie, il ne serait pas très astucieux de laisser s’ouvrir une autre plaie propice à une résurrection du groupe terroriste qui cherche désormais et désespérément des trous d’air.
Ahmed BAMBARA
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