Libye : Sarraj veut faire rendre gorge aux débiteurs du Guide

Libye : Sarraj veut faire rendre gorge aux débiteurs du Guide

67 milliards de F CFA. C’est une rondelette somme. De quoi renflouer les caisses exsangues de la Libye éreintée par plusieurs années de crise, quoique la probabilité qu’elle gonfle le fonds de guerre des milices qui pullulent dans le pays n’est pas à négliger. Et où la chercher ? Dans les prêts faits par le Guide libyen au temps de sa toute puissance, de même que les actions achetées par le fonds souverain libyen dans certaines entreprises.

Les fusées de recherche sont tournées vers une vingtaine de pays africains, notamment l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Zambie, la Côte d’Ivoire, le Niger ou l’Ouganda, qui ont profité en son temps des largesses de Mouammar Kadhafi.

Des excroissances sont connues : la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD), organisation internationale regroupant 29 États africains, ou encore la Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et le Commerce (BSIC) ici au Burkina.

Et il ne devrait pas être difficile de les retrouver. On sait que Kadhafi savait dépenser sans compter. Il avait aussi le sens des affaires, sachant mélanger philanthropie et profit. De sorte que les billets libyens ont un peu éparpillés sur le territoire continental, se fructifiant et se bonifiant, au point d’atteindre cette masse d’argent qui pourrait certainement avoir l’effet d’un défibrillateur sur le rythme cardiaque de l’économie libyenne.  Les libéralités de Kadhafi sont pourtant de deux autres :

– les prêts et dons, dont en abusaient le bédouin de Syrte pour amadouer beaucoup de chefs d’Etat impécunieux pour payer les salaires ou pour des actions d’investissement

– les prises d’actions dans des sociétés, avec des participations souvent énormes.

Le chef du gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale, Fayez al-Sarraj, le chef d’orchestre de cette décision, pourrait avoir des alliés de taille pour cette importante entreprise de recouvrement de fonds. Son exécutif ayant l’aval des pays occidentaux et de leurs institutions financières, il pourrait s’appuyer sur eux pour nourrir le moteur de sa belle chevauchée.

Cependant, il devra avoir les jarrets solides. La question du comment risque d’être une roche coriace à entamer. Mouammar Kadhafi n’est plus là. Des archives sont exhumées pour être le socle de la salve de réclamations du nouveau gouvernement. Mais il est possible que de l’eau ait coulé sur les encres et le souffle de la déflagration qui a emporté Kadhafi ait également noirci certaines pages de mémoire dans certaines banques ou certains présidentiels africains.

De plus, les crédits accordés sur une base légalement incontestables ont des chances d’être honorés. Mais qu’en est-il de ceux passés au faciès avec pour seul gage de garantie la parole donnée ? Et que se passera-t-il si le propriétaire de cette parole est passé de vie à trépas ou s’il n’est plus aux commandes de l’Etat ? Comment réagirait un Chef d’Etat élu des années 2014 à une dette contractée par son prédécesseur qu’il a chassé ? En clair, si pour les actions, la traçabilité et les preuves peuvent être retrouvées, il n’en est pas de même pour les dons et prêts, transportés habituellement en liquide dans des valises.

Noble combat, certes de la part du gouvernement libyen reconnu, mais il risque d’être  rude et de longue haleine !

Ahmed BAMBARA

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