Loi électorale au Sénégal : Macky Sall écarte les saltimbanques et ses…adversaires

Loi électorale au Sénégal : Macky Sall écarte les saltimbanques et ses…adversaires

0,8% du corps électoral soit 52 000 électeurs répartis dans au moins 7 régions et être Sénégalais, rien que Sénégalais, désormais la fiche signalétique de tout candidat à la présidentielle devra comporter ses données. C’est désormais une clause du code électoral Sénégalais ! Hier 18 juin, c’est une ex-place Soweto, siège de l’Assemblée nationale… assiégée par des militants de l’opposition, et un hémicycle où la tension était à couper au cutter, que les députés ont procédé à mettre une nouvelle prothèse au code électoral qui sera appliquée aux élections de février 2019.

Un vote qui est passé comme une lettre à la poste, même si les députés de l’opposition ont éructé contre ce qu’ils appellent «une loi qui tue la démocratie». En effet qu’y pouvaient-ils, face à l’écrasante majorité présidentielle de la coalition Benoo Bok Yakar ? La question des parrainages n’est pas nouvelle au pays de la Téranga, car elle existait, mais ne concernait que les candidats indépendants qui devaient avoir sur leur nom, 12 000 signatures de candidats-électeurs, avant de pouvoir déposer leur dossier.

Pourquoi l’avoir étendu à tous les candidats, surtout aux présidentielles, tout en augmentant l’arithmétique des parrainages ? L’argument du pouvoir pour expliquer ce toilettage du code électoral, ne manque pas de pertinence : faire avancer la démocratie ! Dans un pays comme le Sénégal, où quoiqu’on dise, les acteurs politiques, depuis Senghor, ont toujours su, préserver ce mode de gouvernement, c’est donc faire œuvre utile que de renforcer la démocratie.

En effet, tout comme les élections ne font pas la démocratie, une kyrielle de formations politiques n’est pas synonyme qu’elle est une réalité. Or au Sénégal, on a plus de 500 logotypes de partis politiques. Signe d’une pluralité politique, certes, mais, le hic est que bon nombre n’existent  que de nom, ont à peine un siège, survivent d’expédiants, ne se manifestent qu’au détour d’élections et dont souvent les militants ne peuvent même pas remplir une cabine téléphonique ! Alors faut-il laisser cette forêt de partis politiques parasiter le travail de la Commission électorale ? La conséquence en effet, est qu’on a une floraison de candidats, qui brillent par leur manque de programme et d’envergure et qui ne sont là que pour amuser la galerie.

Une telle loi permet d’élaguer les saltimbanques de la politique, de faire le tamis pour avoir des postulants qui en mènent large. Sur ce point, la nouvelle loi se défend. Mais, on n’image mal que si le pouvoir a poussé à la roue pour qu’on vote ce code rapidement en urgence, ce n’est pas seulement pour avoir des candidats respectables, mais parcequ’ il y a des dessous inavoués. Ladite loi permet dans la foulée de se débarrasser d’adversaires qu’on juge dangereux ou susceptibles de tailler dans les croupières des bastions du camp présidentiel.

En l’espèce, l’opposition voit dans cette manouvre parlementaire, une action pour barrer la route à deux potentiels candidats qui pourraient faire de l’ombre à l’actuel locataire de l’avenue Léopold Sédar Senghor : Khalifa Sall et Karim Wade. Si le premier est retourné à la prison de Rebeuss pour une histoire de détournements de deniers publics à la mairie de Dakar dont il était l’édile, ses partisans voient en lui, l’homme qui peut terrasser Macky Sall dans huit mois. Mais pourtant,  si cette loi a été concoctée contre lui, il n’est pas évident qu’elle prospère, car pour quelqu’un qui a pu se faire élire député étant embastillé, trouver 52 000 signatures n’est pas la mer à boire pour lui.

Quant à Wade fils, reclus à Doha, on ne sait même pas s’il sera candidat en 2019, et si par extraordinaire, il décidait de descendre dans l’arène, effectivement cette loi sera un grand écueil pour lui. Pour l’instant, seul Macky Sall semble être le grand gagnant de cette loi. Même si en politique tout est fugace.

Sam chris

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