L’opposant Lazarus Chakwera prête serment au Malawi : Bravo à la Cour constitutionnelle pour son devoir d’ingratitude !

L’opposant Lazarus Chakwera prête serment au Malawi : Bravo à la Cour constitutionnelle pour son devoir d’ingratitude !

Peter Mutharika, le président-sortant au Malawi doit se rendre à l’évidence : il a définitivement perdu la présidentielle. Ainsi en ont décidé les grands juges de la Cour constitutionnelle, devant lesquels, son opposant Lazarus Chakwera a prêté serment hier 28 juin 2020.

La même cour avait annulé la victoire de Mutharika, de mai 2019, pour cause de truquage, instaurant une crise aiguë dans ce pays de 17 millions d’âmes. Car après ce couperet des grands juges, le chef de l’Etat sortant a usé de tous les subterfuges, des menaces voilées, bref de tout ce qui était en sa possession pour rester scotché à son douillet fauteuil présidentiel, hélas pour lui, cela n’a pas fait bouger la juridiction suprême d’un iota, et à l’issu du second vote, la commission électorale malawite (MEC) a annoncé la victoire de Lazarus Chakwera, résultats confirmés par la Cour constitutionnelle qui crédite l’opposant de 58,57% de suffrages.

La phrase assassine qui avait été prononcée par le président de cette cour était la suivante : «Nous considérons que Peter Mutharika n’a pas été dûment élu le 21 mai 2019. En conséquence, nous annulons les résultats de l’élection présidentielle». Une phrase qu’on entend difficilement sur le continent.

Rares sont les Cours constitutionnelles qui peuvent faire preuve de tel devoir d’ingratitude envers les princes qui les ont nommés. Généralement ces grands juges de cette juridiction doivent leurs sièges au chef de l’Etat et au président de l’Assemblée nationale. Impossible alors, de ne pas renvoyer l’ascension à ces derniers.

Encore que dans le cas de Malawi ce mandat de Mutharika était celui de trop : Pour l’âge du capitaine 79 ans et surtout pour les pratiques délictieuses lors du vote. Parvenu au pouvoir par les urnes en 2014 il avait été réélu en 2019 par 38,57% des voix contre 35,40% pour son challenger Chakwera, soit 159 000 voix d’écart donc dans un mouchoir de poche et avec des irrégularités flagrantes, telles que l’utilisation de correcteur blanc pour falsifier des chiffres de PV et encore, à l’époque la vérification des PV, n’a concerné que les ¼, ce qui est infime par rapport au reste.

Cet arrêt de la Cour constitutionnelle malawite est d’une historialité exceptionnelle en Afrique,  car c’est la seconde fois que des grands juges en Afrique se piquent de barrer la route juridiquement à un président après une élection, la première fois c’était en 2017, avec la cour suprême du Kenya, qui avait versé une douche froide à Uhuru Kenyatta, en annulant la présidentielle et en ordonnant un nouveau scrutin.

La Cour constitutionnelle malawite saluée par l’Union européenne, le Royaume uni, les Etats-Unis, par ce geste, devrait inspirer d’autres juridictions de ce genre, tel par exemple celle du Mali, où ces grands juges ont contribué à exacerber la crise politique, en octroyant indûment 10 sièges de députés au parti présidentiel, le RPM, lors des législatives, ce qui a contribué entre autres à faire le lit du Mouvement du 5 juin.

Le constat est là aussi que ce genre de leçon de chose politique est souvent donné par les pays d’obédience anglo-saxonne, oui, on est gêné de le mentionner, mais en Afrique francophone, les crises post-électorales au contraire sont allumées soit par les CENI, soit par les Cours constitutionnelles. Les exemples foisonnent.

A quand une Cour constitutionnelle de la zone sahélienne qui osera dire à un président sortant, après des élections frauduleuses : «Vous nous avez nommés mais on ne vous connait pas, on recommence le vote» ?

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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