Luanda Leaks : Dégringolade d’une déesse financière

Luanda Leaks : Dégringolade d’une déesse financière

Edwards Snowden réfugié actuellement en Russie doit être fier des journalistes de l’ICIJ, pour les Luanda Leaks, même s’il sait le prix que lui, le héraut de ces «files numériques» salvateurs paie. C’est ce qu’on appelle dans le jargon du métier, un scoop, voire plus une pépite journalistique, que ce gros lièvre levé par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) ce week-end, en exhumant la face hideuse de la fortune «d’une fille de» : Isabel Dos Santos rejeton de José Edouardo, qui dirigea l’Angola avec une main de fer dans un gant de fer pendant 38 ans, sous le parapluie du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA).

715 000 fichiers confidentiels, mettant en exergue 450 sociétés éparpillées dans 41 pays, toutes appartenant à la fratrie Santos, particulièrement à Isabel et de son époux Sindika Dokolo.

De ces Luanda Leaks, on aura remarqué que si la Sonangol a servi de vache à lait à Isabel Dos Santos, il y a par exemple les sociétés Galp, Unitel, De Bears qui ont préempté dans les richesses angolaises notamment  dans les diamants et le pétrole.

Entrelacs de joint-ventures, sociétés écrans, transfert de gros sous, bref une ingénierie financière savamment huilée, qui impliquait avocats, banquiers, et une foultitude d’intermédiaires qui ont servi dans le montage de cette grosse fortune, dont eux-mêmes ont pu se lécher les babines.

Disons-le net, l’empire du pater familia Eduardo Dos Santos a commencé à se lézarder à partir du 26 septembre 2017, date d’accession de Jao Lourenço qui succéda à Dos Santos, avec la victoire du MPLA aux élections générales de 2017.

Qui avait dit d’ailleurs que ce dernier était un président potiche, et qu’il serait une marionnette entre les mains de son prédécesseur ? En tout cas, en septembre 2017, Isabel Dos Santos était congédiée de la tête de la Sonangol, puis le fils José Filomeno Dos Santos était embastillé.

S’en suivra une opération mains propres, pour essayer de nettoyer les écuries de Dos Santos. Bravo aux journalistes de l’ICIJ ! On ne peut aussi qu’applaudir le travail des autorités angolaises de faire rendre gorge à une famille qui avait pris entre les mains tous les pans de l’économie du pays, car si la «princesse» est devenue la femme la plus riche de l’Afrique, ce n’est pas parce qu’elle avait des mains de MIDAS, du nom de ce dieu grec qui transformait tout ce qu’il touchait en or. Cependant le despotisme patriarcal qui a permis à Isabel d’amasser cette fortune n’est qu’un cas…

Car, c’est le drame en Afrique où on constate qu’ une seule famille souvent s’empare du pouvoir, et «privatise» tout le pays,  tout ce qui est économie appartient aux fils, neveux, oncles de celle-ci.

Dos Santos n’est donc qu’un exemple, car il y a la famille Obiang NGuema en Guinée équatoriale et dans beaucoup d’autres pays africains où un clan règne sur toute l’économie.

Cependant, journalistiquement aussi, on ne peut passer sous silence, la quasi-concomitance de cette exhalaison de pourrie financière, d’avec la déclaration d’Isabel de se présenter à la présidentielle de 2022.

D’ailleurs, le couple qui fait l’objet de ces Luanda Leaks, fait partie des PEP, des personnalités politiques exposées, car on a une fille de, et un fils du premier banquier zaïrois, étoile de la galaxie mobutiste.

En effet, politique et économie allant de pair, la belle Isabel avec le grisbi engrangé durant l’interminable règne de son géniteur est potentiellement une adversaire redoutable même pour le MPLA, qui n’est plus ce qu’il était, du temps de la guerre avec l’UNITA de Jonas Savimbi. Alors, on ne peut qu’opiner le glaive judiciaire qui pourrait s’abattre soit en Angola, soit au Portugal sur le couple Dos santos-Dokolo a-t-il été brandi pour décourager les velléités de cette redoutable et celèbre femme d’affaire de Luanda ?

Belle, riche, fille d’un ancien président, ayant forcément des adeptes, Isabel fait obligatoirement peur surtout si elle applique proportionnellement la même hargne en affaire qu’en politique… Or elle lorgne le fauteuil présidentiel.

En tout cas, si l’œuvre de salubrité financière et de bonne gouvernance, que vont susciter ces Luanda leaks est à féliciter, il se pose tout de même la problématique des carrières qu’on tente de brider par la justice. Mais c’est connu partout : Vae victis (malheur aux vaincus !) .

La REDACTION

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